Intervention de Pascal Savoldelli

Réunion du 19 décembre 2018 à 14h30
Loi de finances pour 2019 — Discussion générale

Photo de Pascal SavoldelliPascal Savoldelli :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le rapporteur général, mes chers collègues, cette nouvelle lecture du projet de loi de finances pour 2019 s’apparente plus à une forme d’exercice imposé qu’à un véritable débat parlementaire. Alors que notre avenir commun se cherche et que s’impose un devoir d’innovation, nous demeurons – c’est le moins que l’on puisse dire – dans un carcan budgétaire et politique bien suranné. La commission mixte paritaire a en effet matérialisé son échec dans la production d’un rapport succinct et frustrant, qui laisse le Gouvernement à sa conviction d’avoir agi au mieux sur le chemin de la réduction des déficits.

À la vérité, ce projet de loi est déjà caduc et déconnecté du bouillonnement de revendications et d’idées émergeant dans la société. Il conviendrait de le réécrire de fond en comble pour l’adapter à la situation concrète du pays et des Français.

En effet, nous avons assisté à l’irruption, lors de l’examen de ce projet de budget, d’une partie importante de la société, du monde du travail, des agents et des usagers des services publics, des chercheurs, des retraités, des assurés sociaux, des étudiants, des lycéens, des artisans, des salariés privés d’emploi, bref, d’une démocratie sociale. Tous disent, chacun avec ses mots : « Ça suffit ! », « Assez d’injustice sociale ! », « Assez d’injustice fiscale ! », « Le monde que vous nous promettez, celui d’un ruissellement qui ne viendra jamais, n’est pas le nôtre ! »

Oui, les Français commencent à envisager leurs activités sociales autrement que comme un coût et pointent les contradictions entre les sacrifices qu’on leur impose depuis des décennies et l’accumulation indécente de richesses. Ils ont compris que la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune, l’ISF, la gabegie encouragée de l’évasion fiscale, la baisse de l’impôt sur les sociétés ou encore les facilités fiscales accordées aux actionnaires ne créaient ni l’emploi de demain, ni même celui d’après-demain. Ils dénoncent l’effacement dramatique des services publics et soulignent, avec nombre de leurs élus locaux, la folie que constitue le dogme de la baisse ininterrompue des dépenses publiques utiles – ces élus locaux que vous considérez non comme des « premiers de cordée », mais comme des « premiers de corvée ».

Enfin, et c’est assez inédit, ces Français ne culpabilisent pas de réclamer leur dû sur leur fiche de paie et osent revendiquer une augmentation de leur pouvoir d’achat. Dois-je vous dire que notre groupe se sent « à l’aise dans ses baskets » §et y voit toutes les raisons d’encourager un renforcement de la souveraineté populaire et de sa représentation, plutôt qu’un présidentialisme sans limites ?

Dois-je rappeler, à l’aune de ces aspirations, notre groupe a contribué, avec ses amendements et ses votes, à leur traduction dans ce projet de loi de finances pour 2019 ?

Pour nous, en effet, la logique des droits humains, économiques, sociaux, politiques ou culturels, collectifs ou individuels, doit primer sur la rentabilité financière et sur la prétendue domination idéologique de quelques-uns.

C’est bien le sens des propositions transformatrices que nous aurions encore souhaité promouvoir en nouvelle lecture. Et nous en avons de nombreuses ! Pour baisser le coût de la vie de nos concitoyens tout en répondant à l’urgence climatique, à l’heure où la COP24 est loin de répondre à ce défi, ne vous contentez pas d’un chèque énergie, monsieur le secrétaire d’État, et mettez par exemple en place un plan d’urgence pour la rénovation des logements, qui sont de véritables passoires thermiques. Instaurez une baisse de la TVA sur les factures EDF et GDF, dont les tarifs n’arrêtent pas de flamber. Cessez de plomber les budgets des collectivités territoriales qui innovent et répondent aux besoins des populations, par exemple en finançant les cartes de transport des jeunes ou des précaires, voire en instaurant la gratuité de leurs transports collectifs.

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