Nous recevons M. Jânis Sârts, qui dirige actuellement le Centre d'excellence des communications stratégiques de l'OTAN (StatCom).
Monsieur le directeur, je vous souhaite la bienvenue et vous remercie d'avoir fait ce long déplacement depuis Riga pour vous exprimer devant la commission.
La communication a toujours été un instrument d'influence dans les relations entre les États. Le développement de nouveaux moyens de communication via internet et les réseaux sociaux avec les capacités qu'ils offrent lui donne une nouvelle dimension.
Son utilisation récente et assez massive en appui d'opérations militaires hybrides en Ukraine, lors de la prise de contrôle de la Crimée par la Russie puis dans la suite de ce conflit, ou pour influer sur les élections américaines de 2017, en témoigne.
Ces actions s'appuient sur la manipulation psychologique des opinions publiques ou de groupes, et utilisent assez systématiquement à cette fin des informations fausses ou tronquées, les fake news ou infox en bon français.
Cela nous oblige à prendre en considération cette dimension dans notre réflexion stratégique au même titre que l'espace ou le cyberespace, et à réfléchir aux moyens d'entraver et de contrer ces actions, qui sont un obstacle au bon déroulement de nos procédures démocratiques.
J'ai donc pensé que M. Sarts serait l'un des interlocuteurs les plus qualifiés pour nous sensibiliser à cette nouvelle approche des conflits, puisque le Centre d'excellence de l'OTAN qu'il dirige a conduit de nombreuses études et séminaires de réflexion sur ce sujet depuis sa création en 2014.
Monsieur le directeur, vous pourriez dresser un état de la menace, exposer comment la manipulation de l'information s'insère dans des actions de déstabilisation des opinions publiques visant à affaiblir les États ou en appui direct à des opérations militaires, et nous livrer vos réflexions sur la conduite à tenir par les États démocratiques, qui évidemment doivent inventer leurs propres méthodes pour contrer, réfuter, entraver et contrebalancer ces attaques sans renier leurs valeurs démocratiques.
Je rappelle qu'avant de rejoindre StratCom, vous avez exercé des fonctions importantes au ministère de la défense de Lettonie, que vous avez représenté cet État auprès de l'OTAN, avant de devenir secrétaire d'État à la défense pendant sept ans, de 2008 à 2015, et de présider le conseil national de cybersécurité.
Avant de vous recevoir, nous avons rencontré un haut représentant russe qui nous a expliqué que les intentions de son pays n'étaient que bienveillantes à l'endroit des pays baltes.