Intervention de Michel Neugnot

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 12 décembre 2018 à 14h35
Vers une tarification à l'usage des mobilités

Michel Neugnot, président de la Commission Transports et Mobilité de Régions de France :

Je suis aussi premier vice-président de la région Bourgogne-Franche Comté, en charge des mobilités et du transport. J'ai beaucoup apprécié la mise en bouche de Gilles Dansart et de Jean Coldefy, qui a posé la problématique et le travail restant à accomplir à l'occasion de la loi LOM. La grande transformation à réussir est celle du passage de la LOTI (loi d'orientation des transports intérieurs) à la LOM, avec pour fil conducteur de se mettre à la place du voyageur. Un grand nombre de gens n'ont pas d'autre solution que celle de la voiture. Les montrer du doigt comme des pollueurs ne pensant pas à l'avenir de la planète, ou plutôt de l'humanité, n'est pas approprié. Nous devons enclencher un nouveau mouvement, par opposition à la conception selon laquelle ce serait toujours à l'autre de changer ses habitudes sans se remettre en cause soi-même.

Passer d'un système à un autre, doit se faire progressivement. Encore faut-il que l'objectif final soit partagé par tous. Plutôt que les territoires, je préfère évoquer leurs habitants, qui se trouvent dans des situations diverses. Les solutions qui leur sont données sont parfois disproportionnées en qualité. Le vrai problème est de les porter à la connaissance de tous. Dans une métropole, les systèmes d'information sont ceux que procurent les nouvelles technologies. La première commune à l'extérieur, qui se trouve quatre à cinq kilomètres plus loin, n'en bénéficie pas. La troisième couronne est mal identifiée. Sur les territoires, l'utilisation de la voiture est beaucoup plus onéreuse que celle des transports en commun dont bénéficient les métropoles. Il convient donc de se préoccuper de ces territoires. Pour l'heure, le partage de la voiture est la première réponse dont nous disposons, susceptible d'être efficace et de comporter des effets immédiats.

En tout état de cause, parler « des » territoires ne résout rien. En premier lieu, il existe une nécessité d'informer en temps réel sur toutes les solutions de mobilité existantes sur les territoires, aussi bien la mobilité douce (marche à pied) que le covoiturage et l'autopartage, et les mobilités organisées.

Le deuxième point est d'acquérir une grande facilité d'usage. Ensuite, vient la qualité de service. Même en milieu rural, le temps compte de plus en plus. Sans qualité de service, les gens préfèreront revenir au véhicule individuel.

Les technologies nouvelles, qui peuvent être autant de facteurs d'exclusion, représentent aussi des solutions d'inclusion. Néanmoins à chaque mise en place d'un dispositif, il ne faut pas espérer couvrir tous les champs de solutions. C'est l'addition de solutions qui fonctionnera. Il faut accepter qu'une solution ne couvre que 20 % des besoins, sans qu'aucune ne soit imposée. Le travail sera construit avec les élus et les associations, localement. C'est cela que nous souhaitons dans la LOM.

Nous avons beaucoup oublié que la liberté tarifaire donnée aux régions modifiait totalement leur comportement. Les produits doivent être vendus dans un marché concurrentiel. En Bourgogne Franche-Comté, 800 000 euros ont été consacrés par le budget pour vendre des mobilités. Cela choque tout le monde. Or je pense qu'il peut y avoir un équilibre différent à réussir.

Il faut que tous les systèmes d'information puissent aboutir au même service.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion