Intervention de Jean-François Mayet

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 12 décembre 2018 à 14h35
Vers une tarification à l'usage des mobilités

Photo de Jean-François MayetJean-François Mayet, sénateur :

Mesdames et Messieurs, chers collègues, merci de me donner l'occasion de parler d'un sujet qui a occupé mon premier mandat en 2001. Châteauroux a le profil moyen de chef-lieu d'un département rural, qui compte 50 000 habitants et avait déjà perdu 20 % de sa population en 2001. Cette population était très vieillissante, puisque 60 % des Castelroussins avaient à cette époque plus de 66 ans. À l'époque, l'opérateur national était mal utilisé et la billetterie ne rapportait que 14 % du coût global des transports. Le service était en outre très incomplet, dans la mesure où le territoire n'était pas entièrement desservi. De plus, les zones industrielles n'étaient pas non plus desservies. J'étais président de la chambre de commerce, et les entreprises attendaient que je prenne une décision en la matière.

Nous avons décidé de la gratuité du jour au lendemain, en supprimant quatre postes de contrôleurs et en continuant de faire de la publicité. Au cours des deux premières années, la gratuité a occasionné un coût nul pour la collectivité. En quelques années, nous sommes passés de quinze à trente bus, puisque le nombre de passages a été porté de 1,4 million à 5 millions. Nous avons triplé les passages en deux ans et demi, ce qui a permis de donner de l'espoir aux personnes âgées isolées. J'ai gardé des dizaines de lettres de personnes âgées, principalement des femmes, me remerciant de les avoir guéries de leur dépression.

Aujourd'hui, le versement transport ne suffit plus. En 2018, il faudra rajouter 900 000 euros, ce qui est supportable pour une communauté d'agglomérations. Nous avons été beaucoup visités, notamment par Dunkerque, Gap et de nombreuses villes étrangères. Dans une ville de 50 000 habitants à population rurale, je pense qu'il faut mettre en place la gratuité.

Nous avons en outre déployé des parkings et créé de l'emploi intra-muros, à quelques mètres de la gare. À Châteauroux, le covoiturage fonctionne également de façon satisfaisante.

Nous avons instauré un système d'amortissement des bus en six ans, et de remplacement à l'issue de cette période.

Telle est mon expérience personnelle. Je ne considère pas que cet exemple soit applicable à toutes les villes, mais il peut à tout le moins l'être dans un grand nombre d'entre elles.

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