Intervention de Fabien Gay

Réunion du 21 décembre 2018 à 16h00
Mesures d'urgence économiques et sociales — Article 4

Photo de Fabien GayFabien Gay :

Moi, je tiens à saluer la mobilisation des « gilets jaunes », ce formidable mouvement social qui vous incommode tout simplement parce que les gens refont de la politique. Ils s’y intéressent beaucoup, parce qu’il y a beaucoup d’intelligence, beaucoup de technicité et beaucoup de subtilité dans le peuple.

Quand on veut bien les écouter, ils nous parlent de justice sociale, d’égalité devant l’impôt et de répartition des richesses. Ils ont bien raison. Le dernier rapport d’Oxfam nous apprend que, entre 2009 et 2016, Total a versé 43 milliards d’euros de dividendes ; Sanofi, 37 milliards ; Engie, dont l’État est encore actionnaire, 27 milliards. En outre, l’écart entre les plus bas salaires et ceux des patrons s’est aggravé de 25 % depuis la crise de 2008.

Ils nous parlent aussi de démocratie. Or vous répondez par de l’inégalité.

Il y aura inégalité devant la prime de Noël : certains la toucheront, d’autres non. Celui qui travaille dans un grand groupe y aura droit, et c’est tant mieux, mais ce ne sera le cas ni de son voisin de palier, qui travaille dans une PME, incapable de la verser, ni d’un fonctionnaire.

Il y aura inégalité devant la hausse de revenus : la moitié des smicards seront exclus de la prime d’activité. Il me faut le répéter : c’est une prestation sociale ; vous ne touchez pas aux salaires. Ce que vous donnez de la main gauche, vous le reprendrez de la main droite, parce que, si ce ne sont pas les entreprises qui paient, ce sera nous, par les impôts !

Vous l’avez reconnu, ces mesures à 10 milliards d’euros ne sont pas encore financées. On trouvera 500 millions d’euros dans la taxation des GAFA, 200 millions ailleurs, mais il manquera encore 7 milliards ou 8 milliards d’euros ! En réalité, ce sont les gens qui le paieront par l’impôt, pour financer les caisses de sécurité sociale. Mais ils ne se laissent pas prendre ! La dinde aux marrons, les huîtres et le foie gras n’étoufferont pas la colère sociale : ils ont bien compris l’enjeu et reviendront, plus fort encore, sur la question de la répartition des richesses !

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