Comme l’a très bien dit Alain Milon, nous voterons ce texte, mais sans enthousiasme. Ce sera un vote non pas d’adhésion, mais de responsabilité. Nous avons en effet des réserves, et elles sont sérieuses.
D’abord – plusieurs d’entre nous l’ont souligné –, ces mesures sont essentiellement financées par de la dette, à 60 %. Or la dette d’aujourd’hui, ce sont les impôts de demain et d’autres « gilets jaunes » d’après-demain ! D’ailleurs, madame la ministre, la non-compensation pour le budget de la sécurité sociale, que nous avions déjà dénoncée – à l’époque, plus de 2 milliards d’euros n’étaient pas financés dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale –, est un véritable problème.
Ensuite, de telles mesures créeront des déceptions, des divisions entre les salariés qui y auront droit et les autres, entre ceux du privé et ceux du public, entre les entreprises qui pourront accorder la prime exceptionnelle et celles qui ne le pourront pas.
Enfin, il y a évidemment l’essentiel : le mouvement des « gilets jaunes » est un cri de colère, mais aussi un cri existentiel. On ne peut pas réduire ses revendications aux seuls aspects matériels. Il y a un sentiment de relégation, sans doute sociale et économique, mais également territoriale et civique. M. le président de la commission des affaires sociales a parlé d’« abaissement ». Oui, il y a un sentiment d’abaissement ! Il faudra bien autre chose pour que le problème puisse être réglé au fond.
Alors, oui, nous voterons ce texte sans enthousiasme, mais avec cet esprit de responsabilité qui nous caractérise.