Les mesures annoncées par le Président de la République voilà quelques jours à peine ont été traduites très rapidement dans ce projet de loi. La procédure est évidemment exceptionnelle par sa brièveté ; elle l’est aussi par son ampleur, comme cela a été souligné sur différentes travées.
Il fallait sans doute éteindre l’incendie et donner des signaux de compréhension de la colère qui s’est exprimée et des difficultés du déclassement vécues par les classes moyennes dans notre pays. Nous avions été nombreux dans cet hémicycle à alerter sur la désindexation des retraites, sur la CSG pour les retraités et sur d’autres mesures qui n’ont pas été comprises et qui, traduites d’une manière pour le moins imparfaite, ont été à la source d’une partie des difficultés.
Le Sénat a abordé la discussion dans un esprit de responsabilité. Nous nous sommes centrés sur l’obligation de sortir par le haut d’une crise exceptionnelle qui ne peut pas durer. Nous l’avons montré, je pense, dans les débats d’aujourd’hui. Chacun mesure la difficulté du moment. Malgré tout, un certain nombre de sujets sont encore devant nous : l’équité, le partage des difficultés, le partage des richesses. Les mesures proposées sont imparfaites ; elles vont créer des différences selon les situations. Je pense qu’un certain nombre de revendications se feront bientôt entendre dans la fonction publique. Et comment ne pas les entendre ?
Au-delà de tout cela, la situation est très baroque : plus de 10 milliards d’euros ont été dépensés en peu de temps, et nous n’avons que peu de réponses sur le financement. Chacun voit bien qu’un projet de loi de finances rectificative est sans doute indispensable à très court terme pour donner une quille à la stratégie économique et financière. Nous sommes à la merci d’une augmentation des taux d’intérêt. Je rappelle simplement quelques chiffres : le déficit dépasse les 100 milliards d’euros, la dette atteindra bientôt 100 % du PIB et les prélèvements obligatoires s’élèvent à 1 000 milliards d’euros. La stratégie économique et financière a vraiment besoin d’être reprécisée.
Nous voterons ce projet de loi par esprit de responsabilité. Nous souhaitons que la voix du Sénat soit plus entendue demain qu’elle ne l’a été hier.