Intervention de Serge Babary

Réunion du 16 janvier 2019 à 14h30
Quelle politique d'attractivité de la france à l'égard des étudiants internationaux — Débat interactif

Photo de Serge BabarySerge Babary :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la France est aujourd’hui le quatrième pays d’accueil des étudiants internationaux et le premier pays non anglophone du classement. Elle est néanmoins en perte de vitesse et risque bientôt de se retrouver en sixième position. Si la mobilité étudiante mondiale a progressé de 23 % entre 2009 et 2014, la part de la France n’a progressé que de 11 %.

En novembre dernier, le Gouvernement a présenté sa stratégie d’attractivité pour les étudiants étrangers internationaux. Je salue l’initiative, mais non la méthode. Comme toujours, on annonce puis on fait de la concertation : annonce au mois de novembre, concertation lancée au mois de décembre, avec des acteurs qui avaient appris la nouvelle par voie de presse.

Avec un objectif de 500 000 étudiants internationaux en 2027, plusieurs mesures de ce plan vont dans le bon sens : simplification de la politique des visas, lancement d’une campagne mondiale, ou encore volonté d’accroître la présence de la France à l’étranger.

Le Gouvernement veut différencier les frais d’inscription pour plus d’équité. Effectivement, le faible montant des frais d’inscription à l’université en France ne constitue pas nécessairement un atout dans la compétition internationale. En nombre d’étudiants étrangers accueillis, notre pays est devancé par les États-Unis, par le Royaume-Uni et par l’Australie, qui pratiquent une tarification au prix fort des études pour les étudiants étrangers.

La France est aujourd’hui en perte d’attractivité alors que l’enseignement y est quasi gratuit. Pour augmenter l’attractivité, nous allons faire payer les étudiants… Cela semble paradoxal ; je m’interroge sur les motivations d’une telle mesure. Un décret du 30 avril 2002 permet déjà de facturer des frais de formation en plus des frais d’inscription, de sorte que, dans les faits, beaucoup de formations sont déjà payantes.

D’où ma première question : faut-il mettre cette annonce en relation avec un courrier adressé en décembre dernier aux universités qui évoquait une baisse des dotations allouées compte tenu de cette ressource complémentaire ? Cette réforme ne serait-elle pas purement budgétaire ?

Par ailleurs, je regrette que le ministère des affaires étrangères et les acteurs économiques et sociaux du territoire d’accueil soient absents de cette stratégie. Pouvez-vous me préciser, madame la ministre, si la stratégie du Gouvernement sera mise en cohérence avec les politiques publiques internationales, économiques et culturelles de la France ? Y a-t-il là un cap politique ?

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