Monsieur le président, monsieur le président de la délégation sénatoriale à la prospective, mesdames, monsieur les rapporteurs, mesdames, messieurs les sénateurs, dans l’avant-propos de votre rapport, vous notez : « S’il existe un thème de réflexion transversal, c’est bien celui des relations intergénérationnelles. Cela fait tout son intérêt, mais aussi sa grande difficulté. » Vous avez parfaitement raison.
La génération est d’emblée une notion sociale et collective, tandis que la jeunesse est celle des individus pris un à un, dans le passage du temps. La jeunesse, par définition, prépare ce qui est à venir : elle est porteuse de toutes les promesses. C’est pourquoi elle rassemble autant d’espoirs et crée une telle fascination. « Il faut être absolument moderne », disait Rimbaud, le poète jeune par excellence.
La répartition des hommes en classes d’âge différenciées, sinon antagonistes, se trouve au fondement de l’organisation des sociétés humaines. Mais les générations s’engendrent les unes les autres ; elles sont donc liées par des liens très étroits de dépendance. Ce sont d’ailleurs ces liens de dépendance réciproque qui peuvent créer du conflit, lorsqu’ils entrent en contradiction avec les aspirations légitimes de liberté et d’émancipation.
Votre rapport interroge la transformation des relations entre les générations. La question qui est posée tant à la représentation nationale qu’à l’exécutif est bien celle-ci : comment faire société, comment préserver ce pacte intergénérationnel qui n’est jamais acquis, mais toujours fragile, toujours à reconstruire ?
Les préconisations présentées voilà quelques instants par Mme Nadia Sollogoub et M. Julien Bargeton constituent plusieurs pistes pour mieux lier les générations entre elles, tout en faisant en sorte que les membres de chacune d’elles continuent à se sentir liés par un destin commun et qu’aucune ne se sente oubliée ou perdue.
Je ne peux que me féliciter aujourd’hui de l’importance que vous accordez à ce sujet. Au sein de l’exécutif, le portefeuille des solidarités et de la santé regroupe en effet un ensemble de politiques publiques visant précisément à préserver les solidarités entre les individus, les groupes sociaux, mais aussi les générations.
Que l’on songe au système de retraite, à la politique familiale, ou encore à la politique de santé : ils expriment des choix historiques et politiques en faveur du lien entre les générations et de ce qu’elles se doivent mutuellement. Nous devons les préserver et donc les faire évoluer pour, ainsi que vous le dites, adapter les politiques publiques aux besoins et aux attentes de la nouvelle donne générationnelle.
C’est tout le sens des réformes engagées par le Gouvernement sur les retraites, le système de santé, la perte d’autonomie, bien sûr, et, plus généralement, le sens de ce que le Président de la République a appelé la « protection sociale du XXIe siècle ».
Plusieurs autres réformes, portées par le Gouvernement et mes collègues permettent aussi de créer du lien entre les générations. Je pense en premier lieu au service national universel, porté par le secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, Gabriel Attal, dont les objectifs font écho à votre souhait de mobilisation ou de remobilisation des jeunes citoyens.
Vous préconisez également de « valoriser d’autres voies de réussite et d’autres modes de transmission, en particulier l’apprentissage et les métiers manuels ». Le Gouvernement, là encore, ne peut que vous rejoindre, tant cette proposition trouve sa réalisation dans les mesures prévues par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel du 5 septembre 2018.