Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je tiens à vous remercier de votre participation à ce débat. Nous avons abordé, ce qui n’est pas toujours le cas ici, des sujets extrêmement humains : des sujets d’actualité, comme la non-indexation des retraites, mais aussi des sujets plus sociétaux, comme l’entraide familiale, l’accueil des personnes âgées, la dépendance, la séniorité active.
Mes collègues Julien Bargeton et Nadia Sollogoub et moi-même avons eu beaucoup de plaisir et d’intérêt à travailler sur ce rapport, qui en contient en fait plusieurs. Notre débat a essentiellement porté sur les personnes âgées, sur la dépendance et les seniors actifs. Pour ma part, si vous le voulez bien, j’évoquerai un autre volet du rapport, qui nous a tout autant passionnés et qui pourrait peut-être faire l’objet d’un nouveau débat : le lien entre les générations s’agissant de l’engagement politique. Un autre volet du rapport, que je n’évoquerai pas longuement, portait sur l’emploi, la formation et l’éducation.
Nous nous sommes intéressés pour notre rapport à la participation politique des différentes générations, et nous avons fait le constat négatif que, dans ce domaine, l’écart se creuse entre les jeunes générations et les générations plus anciennes. On reste désormais politiquement « jeune » de plus en plus longtemps en termes de participation électorale, jusqu’à quarante ans ! Or les jeunes ne participent pas beaucoup à la vie politique. Curieusement, la hausse du niveau de formation de ces générations, qui sont plus éduquées que les précédentes, n’a pas entraîné une participation électorale plus forte.
Il y a aussi une transformation du sens de l’abstention : il s’agit de plus en plus d’un comportement actif utilisé pour adresser des messages politiques critiques. L’abstention traduit une crise de la démocratie.
Pour tempérer le pessimisme de ces constats, on note que l’abstention électorale des jeunes s’accompagne de l’émergence de nouvelles formes de participation citoyenne.
L’engagement politique des jeunes se fait de plus en plus à bas bruit, sous les radars de la vie politique. On observe, nous a dit Cécile Van de Velde, « une politisation accrue des vies. De petits actes quotidiens – consommer, manger bio, aider la voisine âgée, choisir sa vie, quitter un travail salarié qui ne plaît pas… – sont souvent associés à un discours très réflexif contre la société. Ils deviennent codés comme des actes politiques. » En effet, la jeunesse privilégie de plus en plus un engagement direct et concret, dont l’impact peut être mesuré et qui fait immédiatement sens.
Ce constat nous a conduits à faire un certain nombre de propositions, mes chers collègues, que nous pourrons peut-être retravailler ensemble.
Première proposition : il faut travailler à rendre la participation politique plus accessible en levant les barrières invisibles qui, pour une partie de la jeunesse, font obstacle à l’exercice de la citoyenneté. Certains jeunes ont besoin d’être accompagnés ou encouragés dans leur engagement.
À cet égard, madame la secrétaire d’État, on constate que le service civique est une expérience qui transforme profondément les jeunes et qui change leur rapport au politique. Lorsque les jeunes sont engagés dans des actions d’intérêt général, avec des motivations sociales ou humanitaires – aider, être utile –, ils prennent assez vite conscience de la nécessité de prolonger cet engagement personnel par une participation plus large à la vie démocratique. Cette forme d’expérimentation concrète constitue le socle d’un engagement plus fort. Il faut donc se fixer des objectifs ambitieux pour le service national universel que vous évoquiez précédemment et s’appuyer sur cette expérience très constructive pour bâtir son architecture.
Deuxième proposition, que nous avons formulée bien avant le mouvement des gilets jaunes qu’évoquait Julien Bargeton : nous devons apprendre à mieux entendre les attentes de la population.
Comme je l’ai dit, l’engagement politique s’exprime à bas bruit, à travers des actes du quotidien. Il faut développer notre capacité à l’entendre. Le travail de terrain y contribue, mais ce travail d’écoute de la population peut peut-être être amplifié. Comme l’a souligné Brice Teinturier, « les nouveaux canaux d’information et les communautés qui se forment ponctuellement peuvent aider à trouver des solutions afin de compléter la démocratie représentative traditionnelle. »
Telles sont les quelques réflexions que je souhaitais vous livrer sur l’engagement de la jeunesse dans la vie politique et sur le lien, qu’il faut retisser, entre les générations sur cette question.
Je vous remercie, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, de votre engagement sur la question de la solidarité entre les générations.