Certes, les Américains ont bénéficié de commandes en retour de ce plan ; il n'en reste pas moins qu'il a permis d'entrer dans une logique de coopération.
Je reviens sur la question relative à la banque du climat. Il y a un an, l'idée était de transformer à cet effet la BEI, puis il est ensuite apparu que ce serait compliqué. Il s'agirait désormais plutôt de créer une filiale de la BEI dotée de la note AAA, et au conseil d'administration de laquelle siègeraient les États qui le souhaitent. On pourrait ainsi prévoir huit pays actionnaires de la banque du climat.
Nous sommes nombreux à souhaiter un changement complet de société. En 1970 déjà, Jacques Delors expliquait que le produit intérieur brut (PIB) ne voulait rien dire et qu'il fallait des indicateurs sociaux - emploi correct, temps de transport, accès à la culture... Nous disons la même chose dans le rapport du GIEC depuis 30 ans. Emmanuel Macron, dans ses voeux, nous a expliqué que le capitalisme dérégulé était en train de mourir. Le pape François, qui nous a reçu au Vatican, dit qu'il faut un changement complet, que tout est lié et qu'il faut entendre le cri des pauvres et celui de la planète... Nous comprenons que ce système nous mène à la ruine, mais comment faire émerger rapidement une nouvelle société ? Il faut agir au niveau européen. Les Allemands, les Espagnols et les Hollandais aspirent à ce changement.
J'en viens à la liberté d'entreprendre. Pendant plus de trente ans, entre 1945 et 1980, on a su la concilier avec les régulations sociales grâce la Déclaration de Philadelphie, et cela fonctionnait, sans crise financière. Priorité était donnée à la justice sociale : il n'était pas possible de faire du dumping social ou fiscal. Nous avons, quant à nous, besoin de régulation sociale et écologique.