Les champs d'action territoriaux des CHU sont vastes. Je vois d'un bon oeil la volonté de faire sortir le CHU de ses murs pour renforcer les territoires, soutenir la politique de ressources humaines. Mais les difficultés de recrutement ne concernent pas que les médecins, elles touchent aussi les infirmiers et les infirmières. Leur formation a été universitarisée. Quel sera le lien entre l'université et les régions pour rendre ces métiers plus attractifs ? Pourquoi ces métiers sont-ils si délaissés ?
Dans certains territoires éloignés des centres de recherche et de formation, le terreau de professionnels de santé est très réduit. On peine ainsi à trouver des médecins maîtres de stage lorsque l'on veut créer des maisons de santé pluri-professionnelles. Les généralistes sont déjà surchargés. Pourquoi ne pas développer le e-learning pour attirer les jeunes dans ces territoires ? Les critères pour les maîtres de stage sont très stricts. L'âge, d'abord. On devrait faire en sorte qu'ils puissent partir de manière progressive et non brutalement pour nous aider à recruter. Il y a aussi le nombre d'actes : au-delà d'un certain nombre d'actes, on ne peut pas être maître de stage. Il importe de réfléchir à ce sujet pour préparer l'avenir.
J'en viens aux zones frontalières. Je suis élue de Meurthe-et-Moselle, dans une région qui cumule toutes les difficultés en termes d'attractivité : il n'y a ni la mer, ni le soleil, ni la montagne. Le concours national classant nous pénalise. La régionalisation du concours d'internat ne serait-elle pas une solution ? En outre, on est à proximité de la Suisse, de l'Allemagne ou du Luxembourg, où les salaires sont beaucoup plus élevés. Le CHU n'a pas les moyens, seul, de résoudre les difficultés. C'est un enjeu territorial. Il convient à l'État de mener des coopérations transfrontalières, d'autoriser éventuellement des dérogations sur les salaires. L'écart salarial est de 40 % avec le Luxembourg. La moitié des infirmières que l'on forme part au Luxembourg. Je ne vois pas comment on pourra faire sans coopération ni moyens accrus. J'ai aussi été alertée sur les tarifs dérisoires des astreintes pour réaliser des thrombectomies au CHU de Nancy. Demain, on risque de manquer de professionnels pour les pratiquer. Enfin, les étudiants ont beaucoup de difficultés à suivre le double cursus médecine-science, dès le deuxième cycle. C'est un enjeu pour la recherche. Quels sont les freins ?
- Présidence de M. Gérard Dériot, vice-président -