Intervention de Didier Quillot

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 23 janvier 2019 à 10:5
Audition conjointe sur le piratage des retransmissions sportives : M. Jacques Bajon directeur médias et contenus numériques du groupe de réflexion idate digiworld auteur du rapport piratage des médias un risque majeur pour le sport et le linéaire ? M. Carlos Eugénio secrétaire général de l'association portugaise mapinet directeur de l'association portugaise visapress M. Mathieu Moreuil directeur des affaires européennes de l'english premier league Mme Sophie Jordan directrice générale adjointe de bein sports france M. Didier Quillot directeur général exécutif de la ligue de football professionnel lfp et M. Denis Rapone président de la hadopi

Didier Quillot, directeur général exécutif de la Ligue de football professionnel (LFP) :

Merci de votre accueil. Certes, le piratage fait peser une menace sur l'économie des medias, du cinéma, de l'audiovisuel et sur la culture de notre pays. On a évoqué un risque systémique. Il y en a un aussi sur l'économie du sport, alors que celui-ci joue un rôle essentiel en matière d'intégration sociale et de santé publique. En effet, la Ligue de football professionnel (LFP) finance largement la filière du sport : chaque année, nous versons 38 millions d'euros au titre de la taxe Buffet et 20 millions d'euros en vertu de la convention que nous avons avec la Fédération française de football. Ces montants passeront à 60 et 30 millions d'euros en 2020, soit, si l'on y ajoute les concours versés aux associations par les clubs professionnels, un total de près de 200 millions d'euros. Lorsque le football professionnel est menacé, c'est toute la filière du sport français qui souffre. Or Canal+ parle de plus de 500 millions d'euros de destruction de valeur par le piratage, qui constitue une véritable économie organisée et profitable, contre laquelle il faut lutter, avec l'aide du législateur.

Pour chaque match de ligue 1, nous recensons environ 250 liens illicites. Pour le top 5, nous avons enregistré, la saison dernière, 1 700 flux pirates, dont 12 % via Facebook. De fait, les grands acteurs du numérique véhiculent du piratage.

Il y a plusieurs difficultés. Un match de football dure une heure trente : c'est aussi la durée pour consommer la valeur de nos droits. Or nous devons livrer à nos diffuseurs un contenu exclusif. La temporalité est donc essentielle. De plus, nos ennemis sont anonymes et ils sont à la tête d'une économie riche et puissante, dont la marge se situe entre 40 % et 90 %. Et Rojadirecta, que nous avons attaqué et contre lequel nous avons gagné, fait systématiquement appel, ce qui allonge les procédures et les rend plus coûteuses. Enfin, la plupart de ces sites sont hébergés hors de l'Union européenne.

Il faut donc absolument que les FAI jouent le jeu. Seul le groupe Altice-SFR-RMC est à la fois FAI et diffuseur. Les autres FAI doivent être nos partenaires, volontaires ou contraints, pour lutter contre le piratage. Aux pouvoirs publics de nous aider : un rapport récent de l'Assemblée nationale préconisait à juste titre « un blocage immédiat et temporaire de sites ou contenus illicites ». Nous réalisons une étude pour savoir si c'est la voie administrative ou judiciaire qu'il faut privilégier. En tout cas, il faut agir vite - et la Hadopi aura un rôle à jouer.

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