Le coût de diffusion n'est pas un problème franco-français, mais un problème européen. Celui qui veut voir le football des principaux championnats européens et la Ligue des champions paiera 47 euros en Italie - pays le moins cher - contre 80 à 90 euros en Espagne. La France est dans la moyenne et ces prix sont définis hors promotions et offres couplées. L'arrivée de MediaPro n'y changera rien : pour voir le championnat de France, il faut déjà souscrire un abonnement à Canal+ et beIN Sports.
Les coûts paraissent élevés parce que c'est l'économie des droits premium, c'est-à-dire exclusifs, qui est ainsi bâtie. Pour un opérateur généraliste, il existe un lien linéaire entre la détention de droits sportifs et le nombre d'abonnés. Le sport repose sur la retransmission en direct ; sur le long terme, il restera un droit exclusif premium, c'est-à-dire rare et cher, à la fois dans l'acquisition et dans la commercialisation. Prétendre mettre fin à ce système est illusoire.
En Angleterre, où les droits de retransmission se chiffrent en milliards, les acteurs ont pris conscience de la nécessité de protéger la valeur, et ils y sont parvenus. Il est vrai que les fournisseurs d'accès y sont aussi les diffuseurs, ce qui n'est pas le cas en France.
Dire que le piratage augmente parce que le football coûte cher, c'est poser le débat dans les mauvais termes. Il faut d'abord trouver les moyens de protéger la valeur créée, qui au demeurant bénéficie à toute une filière : rappelons qu'en France, la taxe Buffet sur les droits de retransmission est variabilisée. Plus les droits sont élevés, plus le ruissellement vers le football amateur, qui en est le bénéficiaire, est important.