Intervention de Hervé Godechot

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 6 février 2019 à 9h00
Audition de M. Hervé Godechot candidat désigné par le président du sénat aux fonctions de membre du conseil supérieur de l'audiovisuel en application de l'article 4 de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication et vote sur la proposition de nomination

Hervé Godechot :

Les groupes français sont déjà importants. TF1 n'est pas une PME ! Et M6 est en train de racheter les chaînes du groupe Lagardère. Mais la question de la taille critique se pose car les nouveaux entrants sont encore plus gros. Quand nos producteurs ont des budgets de plusieurs centaines de milliers d'euros, Netflix réfléchit en milliards d'euros. Surtout, ces nouveaux acteurs n'obéissent pas aux mêmes règles que celles qui sont imposées aux médias traditionnels. Il faudra que le législateur et le CSA modifient les règles pour corriger cette asymétrie. La première asymétrie est celle de la taille. Pourquoi ne pas envisager des syndications sur certains sujets entre plusieurs groupes, comme pour les droits sportifs par exemple ? En même temps, il faut aussi veiller à garantir le pluralisme et les situations de monopole ou de quasi-monopole.

Le Président de la République s'est exprimé pendant plusieurs heures d'affilée au cours de plusieurs sessions du Grand débat national. C'est un exercice démocratique nouveau, porté par l'existence des chaînes d'information en continu. Sur le décompte du temps de parole, les règles sont claires : un tiers pour l'exécutif, et les deux tiers restant sont répartis entre les autres formations de manière équitable en fonction de certains critères de représentativité politique. En période électorale, l'équité doit être parfaite en fonction de la représentation politique de chacun. Lors de l'élection présidentielle, c'est l'égalité pour tous. Il appartient au CSA de vérifier que les temps de parole sont respectés. J'ai vécu comme rédacteur en chef à France Télévisions plusieurs campagnes électorales, notamment les présidentielles : les réunions sont quotidiennes avec les services qui décomptent le temps de parole, et les calculs sont à la seconde près ! Dans le cas d'espèce, sans doute est-il légitime que les interventions du Président de la République soient incluses dans le décompte du temps de parole.

Chaque chaîne de l'audiovisuel doit avoir une ligne éditoriale claire. France 3 est historiquement la chaîne des régions ; cela ne veut pas dire qu'elle ne doive pas diffuser des programmes nationaux, comme des jeux, ou Des racines et des ailes, qui s'intéressent à la France des régions, par exemple. En ce qui concerne l'information, je ne suis pas persuadé qu'il faille réduire l'antenne de la rédaction nationale de France 3 en même temps que l'on augmente celle des régions car la demande est forte. Quand j'étais rédacteur en chef du 19/20, j'avais rêvé d'une grande tranche d'information nationale et régionale. Aujourd'hui, le journal régional est séparé du journal national par un générique et les téléspectateurs ont le sentiment de regarder deux journaux. Peut-être faut-il réfléchir à une imbrication de l'ensemble des programmes à tonalité régionale au sein d'une même tranche, entre 19 heures et 20 heures.

Enfin, je ne faisais pas partie des journalistes qui contestaient la légitimité du CSA. Il n'appartient pas aux journalistes, mais au législateur, de définir ses prérogatives.

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