La déontologie, en effet, est un sujet qui me tient à coeur, comme à beaucoup de journalistes. C'est une question essentielle si l'on veut renouer la confiance entre les citoyens et les médias. Le meilleur moyen d'y parvenir est le sérieux du travail. Au milieu de toutes les infox, il importe de proposer au public une information fiable et reconnue comme telle. Une réflexion est en cours pour la création d'un conseil de déontologie de la presse. La déontologie fait partie du travail quotidien des journalistes. Chacun a la mission de vérifier les informations, de s'assurer qu'elles ont été délivrées de manière juste et impartiale, et recueillies de manière légale, conformément aux règles éthiques. Les journalistes se surveillent eux-mêmes et se surveillent entre eux. C'est très bien comme cela. La plupart des médias ont rédigés des chartes. Dans les grands médias, il y a aussi des sociétés de journalistes qui veillent à la déontologie, tandis que le CSA joue aussi son rôle de garant en dernier ressort. L'idée d'un conseil de déontologie me semble intéressante ; il serait tripartite, avec des journalistes, des directeurs de publication, qui sont coresponsables en France des contenus publiés, et des représentants de la société civile, dont le contour reste à définir. Il faudrait aussi définir le rôle et les prérogatives de cette instance : instance de conseil, lieu de débats, ou autorité de régulation, dotée du pouvoir d'édicter des règles ou de prononcer des sanctions ? Ces points n'ont pas encore été abordés.
Comment lutter contre les infox ? C'est une question d'actualité par excellence. La crise des Gilets jaunes a donné lieu à une intense bataille de tweets. Mais les fausses informations ne datent pas d'hier, qu'il s'agisse de fantasmes, de tromperies, voire de manipulations organisées. La loi dite anti-fake news vient d'entrer en vigueur et sera en application pour les élections européennes. Le CSA et les juges l'appliqueront du mieux qu'ils pourront. Je ne vous cacherai pas que j'attends de voir comment cela se passera car des questions restent en suspens. Le Conseil constitutionnel a pris la peine de définir avec un peu de précision ce qu'il considérait être une infox. Mais comment le juge pourra-t-il statuer en 48 heures ? C'est parfois simple, parfois très compliqué : comment distinguer une infox dans une enquête sur le Lévothyrox par exemple ? Le risque est de multiplier les suspensions conservatoires et de porter atteinte à la liberté de la presse.
La future loi sur l'audiovisuel, transposition de la directive SMA, élargira, je l'espère, les compétences du CSA, pour intervenir sur internet ou les médias sociaux. Je note d'ailleurs que la Commission européenne vient d'enjoindre à Twitter et à Facebook de mettre en oeuvre certaines règles éthiques concernant les fausses nouvelles à l'approche des élections européennes.