Sur les financements, madame Billon, l'enjeu est de trouver le bon équilibre pour permettre à la fois aux groupes privés d'atteindre la taille critique pour concurrencer les nouveaux entrants, qui ne respectent pas les mêmes règles, tout en veillant à préserver le pluralisme et en empêchant les concentrations qui seraient excessives, même si on n'en n'est pas là.
Les relations entre l'audiovisuel public et la tutelle sont définies par les COM. Or ceux-ci sont trop souvent remis en cause par l'État un ou deux ans après leur conclusion. Difficile dans ces conditions pour France Télévisions ou Radio France d'investir pour relever les défis de la numérisation ou du développement des nouveaux médias. Ces groupes ne sont plus seulement des chaînes de télévision ou de radio. Le développement de nouveaux modes de communication et de nouveaux médias suppose des investissements coûteux de long terme, mais le mandat des équipes dirigeantes n'est que de cinq ans. Si les COM sont instables, si la TOCE n'est plus versée à l'audiovisuel public, on impose à l'audiovisuel public de s'engager dans des choix technologiques, de gouvernance ou de structure à l'aveuglette, avec le risque de voir tout remis en cause plus tard. C'est compliqué de travailler ainsi. Le CSA doit jouer un rôle de dialogue avec l'État et France Télévisions. Il lui est difficile de demander le respect du COM s'il sait que toutes les conditions n'ont pas été réunies pour l'appliquer.
Je suis favorable à des objectifs contraignants pour la représentation des femmes, des ultramarins ou, plus largement, de la diversité culturelle. Il y a déjà des mesures en ce sens dans le COM. Sans doute faut-il aller encore plus loin. Les directions des groupes semblent proactives sur ce sujet.
L'éducation aux médias est une cause nationale. Les médias, les journalistes, l'État, le CSA, l'éducation nationale doivent travailler ensemble. Je suis, par exemple, intervenu dans une école au Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie, pour sensibiliser des élèves. Il faut apprendre aux citoyens de demain à distinguer le vrai du faux.
Monsieur Antiste, vous avez compris mon attachement aux outre-mer. Je ne peux que déplorer, comme vous, les insuffisances que vous mentionnez. On peut néanmoins se réjouir de l'émergence d'une prise de conscience globale sur la nécessité de combler notre retard. Là aussi, je suis favorable à des mesures contraignantes. France Ô va disparaître de la TNT. Nous devons veiller à ce que les ultramarins soient représentés dans tous les médias, dans tous les programmes et pas seulement dans des émissions ad hoc. La dernière fois que l'on a parlé de La Réunion, c'est lorsque l'île s'est enflammée avec les Gilets jaunes. Il me semble qu'il y a beaucoup d'autres choses à dire sur cette île !
Comment lutter contre le piratage ? Nous devons inventer de nouveaux outils. La taxation des nouveaux entrants fera bouger les lignes. Il faut aussi se donner les moyens nécessaires pour faire appliquer la loi. C'est évidemment compliqué car beaucoup de sites illégaux sont hébergés à l'étranger. Nous devons travailler avec les instances de régulation, Hadopi en France ou ses homologues européennes, car nous devons avancer de manière groupée sur cette question qui dépasse les frontières françaises.