Nous accueillons M. Pierre Razoux, directeur de recherche à l'Irsem pour une audition consacrée aux enjeux géostratégiques de la situation au Moyen-Orient, dans le cadre des travaux menés par notre commission sur cette région sensible. Je vous rappelle qu'une de nos missions d'information sera consacrée plus précisément à la Jordanie.
Depuis les attentats de 2015, puis les mouvements migratoires importants en provenance notamment de Syrie et d'Irak, les Français ont davantage conscience de la proximité du Moyen-Orient et des répercussions très concrètes de sa situation sur l'Europe.
En la matière, il est parfois difficile de ne pas se laisser gagner par une forme de pessimisme : le processus de paix israélo-arabe demeure au point mort avec un plan américain toujours repoussé ; l'échec occidental apparaît patent en Syrie, où la Russie est toujours plus présente, l'Iran en embuscade, la Turquie tentée par l'intervention et les Américains prochainement partis ; l'accord nucléaire iranien (JCPOA) est également fragilisé par le retrait américain ; l'effroyable guerre du Yémen semble encore loin d'une sortie de crise malgré des perspective plus encourageantes ; enfin, la fragilité de la situation en Égypte, en Jordanie, en Irak et, peut-être, en Arabie saoudite - les critiques adressées au Prince, le conflit avec le Qatar, la menace iranienne, le bourbier yéménite et les défis internes interrogent - est inquiétante.
L'état des forces en présence et les objectifs à moyen-long terme des acteurs majeurs - les États-Unis, la Russie, Israël, l'Iran, l'Arabie saoudite, la Turquie et, bien sûr, la Chine - jouent-ils en faveur de la stabilité, ou au contraire de l'embrasement de la poudrière ?