Intervention de Julien Morel d'Arleux

Commission des affaires sociales — Réunion du 30 janvier 2019 à 10h00
Plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022 — Audition de Mm. Nicolas Prisse président de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives mildeca et de julien morel d'arleux directeur de l'observatoire français des drogues et des toxicomanies ofdt

Julien Morel d'Arleux :

Y a-t-il assez d'addictologues ? Il y a eu pas mal de créations de postes ces 5 ou 10 dernières années. Le collège universitaire des enseignants en addictologie ne demande pas beaucoup de postes supplémentaires en addiction. En fait, cette spécialité, qui n'en est pas tout à fait une, a du mal à trouver sa place dans l'organisation universitaire française. Il y a quelques projets - pas révolutionnaires - qui devraient leur améliorer les choses. La question est de savoir si, parmi les addictologues, il ne doit y avoir que des psychiatres. J'ai tout le respect possible pour les psychiatres, mais il peut être utile de jouer la complémentarité avec des profils venant de l'infectiologie ou la médecine interne. Il faut aussi que toutes les écoles soient représentées car selon les patients ce n'est pas toujours la même méthode qui marche.

Ce qui m'inquiète un peu c'est que l'on manque de médecins, pas forcément très spécialisés en addictologie mais qui la pratiquent. On manque aussi d'infirmiers ou de psychologues. Au final, on fait beaucoup reposer l'accueil de personnes sur des éducateurs ; l'OFDT a démontré que ce n'était pas très bon. Ça a peut-être été une solution de facilité, moins chère, mais lorsque les personnes sont reçues par un éducateur, l'adhésion au traitement est moins bonne.

Comment faire respecter l'interdiction des jeux de hasard et d'argent ? Je ne sais pas comment on arrivera à faire mieux, on va y réfléchir très sérieusement. Evidemment on peut mettre des messages en ligne, on peut davantage bloquer, comme sur les sites pornographiques. Il suffit de cliquer sur « j'ai plus de 18 ans » et puis tout s'ouvre, voilà... Nous avons quelques pistes mais je n'en dit pas plus à ce stade.

Que ce soit sur les jeux de hasards ou d'argent, le tabac ou l'alcool, une grande enquête - Escapade - révèle que les jeunes de 17 ans s'approvisionnent majoritairement de manière physique. Un tiers des adolescents ont acheté au moins une fois dans le mois de l'alcool dans un supermarché. Le seul bémol concerne les jeux de hasard et d'argent, l'enquête Escapade, en 2011, démontrait qu'un quart d'entre eux avaient effectivement joué sur Internet, soit sur des sites où il faut juste cliquer « j'ai plus de 18 ans », soit en se faisant prêter des codes d'accès pour se partager ensuite les gains ou les pertes. Cela reste un point de vigilance même si le plan se concentre surtout sur l'achat physique de proximité. Le contrôle de l'âge ne doit plus être un tabou dans notre pays.

Oui, nous avons saisi France stratégie et la plateforme RSE. Le rapport a été remis et il est sur notre site et sur celui de France stratégie. Il indique comment inciter les entreprises à sortir d'une logique de surveillance pour aller vers un vrai projet de la direction ou des DRH des salariés sur une limitation des consommations dans le cadre du bien-être au travail. Il incite aussi à aller plus loin dans la réforme des services de santé au travail.

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