Intervention de Ivan Balansard

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 17 janvier 2019 à 9h00
Audition publique sur l'utilisation des animaux en recherche et les alternatives à l'expérimentation animale : état des lieux et perspectives

Ivan Balansard, vétérinaire CNRS, président du GIRCOR (Groupe interprofessionnel de reìflexion et de communication sur la recherche) :

Il est extrêmement difficile de répondre. En premier lieu, lorsqu'on parle d'animaux, il faut aussi penser à tous les invertébrés : mouches drosophiles, vers plats..., et bien d'autres animaux qui sont beaucoup plus nombreux que les vertébrés qui sont utilisés. Je doute que l'on puisse avoir des données solides.

Par ailleurs, des moyens seraient bienvenus pour développer en particulier un « Centre 3 R », comme au Royaume-Uni, qui s'est doté il y a plus d'une quinzaine d'années d'un Centre national pour la promotion des méthodes alternatives au sens des 3 R, le NC3Rs (National Centre for the 3Rs). Ce centre est totalement intégré dans la communauté scientifique anglaise et il a un rôle important dans l'amélioration des pratiques.

Il est certain en tout cas qu'il reste des progrès à faire, en particulier en termes de moyens qui pourraient être dévolus à la promotion des 3 R en recherche.

Pr. Francelyne Marano. - Bien évidemment, ces approches ne sont pas suffisantes pour comprendre ce sur quoi vous travaillez, Mme Sirigu, dans le domaine des neurosciences, mais pas seulement ; nous n'avons jamais prétendu cela, au contraire. Par contre, ces outils apportent des éléments de réponse, en particulier pour les mécanismes auxquels il n'est pas toujours facile d'avoir accès avec l'organisme entier.

Tout cela, il faut le voir dans une perspective de complémentarité. Les choses ont été claires, je pense, à travers nos échanges. Évidemment, ces méthodes substitutives ne concernent pas uniquement la toxicologie. La pharmacologie utilise ces outils depuis longtemps. La compréhension des mécanismes au niveau le plus fin utilise les outils in vitro, in silico également. La complémentarité est absolument nécessaire.

Les problèmes de financement existent de façon évidente. La France n'a pas de programme de recherche dévolu à cela. Comme cela a été dit, c'est au niveau européen qu'il faut aller chercher les financements ; c'est une problématique à prendre en compte.

À propos de la création d'un « Centre 3 R », il serait sûrement le bienvenu. Par ailleurs, des plateformes sont en train de se développer. Je pense à une plateforme qui apparaît dans le cadre de la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE). Il y avait déjà une première demande de plateforme de pré-validation pour développer des tests in vitro et in silico, voire sur d'autres modèles, qui ont été évoqués aujourd'hui : la drosophile, Caenorhabditis elegans (les petits vers plats)... Cette plateforme apparaît à nouveau dans des propositions d'actions de la SNPE 2 qui a été mise en consultation publique avant-hier, après présentation par la ministre des Solidarités et de la santé et le ministre de la Transition écologique et solidaire.

Les actions concrètes et rapides sont possibles car certains projets sont en cours de développement, et il leur faut des financements.

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