Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, évoquer l’hydrogène aujourd’hui, c’est parler industrie, logistique, accessibilité, transport des personnes, énergie ou bien encore économie circulaire.
Toutes ces activités recèlent des enjeux bien souvent imbriqués, qui font de l’hydrogène non seulement une solution crédible, mais surtout l’imposent comme un outil polyvalent, aussi bien face à un besoin ciblé que pour anticiper de nouvelles activités.
Nos territoires, qui ont pleinement pris conscience des atouts de l’hydrogène, développent des projets innovants leur permettant de répondre aux enjeux auxquels ils sont confrontés : transition énergétique, qualité de l’air, aménagement du territoire et développement durable.
Vous me permettrez donc d’articuler mon intervention à l’aune de l’expérience engagée – cela a été rappelé par Jean-Pierre Corbisez – sur le territoire de la communauté urbaine de Dunkerque, véritable terre d’hydrogène. En mars prochain, le bateau Energy Observer, premier navire à hydrogène, qui effectue actuellement le tour du monde, fera escale à Dunkerque. Beau symbole pour cette ville portuaire qui a fait de la mutation écologique un cheval de bataille ! La communauté urbaine de Dunkerque est bel et bien dans le concret, en ayant choisi de pouvoir stocker l’électricité renouvelable sous forme d’hydrogène solide.
En effet, le stockage de l’énergie issue des renouvelables est devenu une réalité. Le surplus de production d’électricité est désormais stocké sous forme d’hydrogène, une façon de résoudre les problèmes d’intermittence qui suscitent de plus en plus d’intérêt. C’est dans cette perspective qu’a été inaugurée, à l’été dernier, à Cappelle-la-Grande, située à quelques kilomètres de Dunkerque, une installation de power to gas dans un nouveau quartier de la ville.
Le principe du power to gas est simple : il consiste à transformer l’électricité en hydrogène, qui peut, ensuite, être déstocké sur demande sous forme gazeuse, pour être injecté alors dans le réseau de gaz. En effet, l’hydrogène est probablement la meilleure façon de stocker l’énergie indéfiniment et sous forme solide.
Cette technologie est une réponse à l’intermittence des énergies renouvelables, comme l’éolien ou le photovoltaïque, notamment en cas de surproduction en période de faible consommation, à l’origine de gaspillages énergétiques et d’une coûteuse surcharge du réseau électrique.
La communauté urbaine de Dunkerque s’est lancée dans cette aventure en 2014, qui prend désormais la forme d’un démonstrateur installé dans la commune de Cappelle-la-Grande, collectant les surplus d’électricité produits par le parc éolien à proximité et par les panneaux photovoltaïques de la communauté de communes. Ce surplus d’électricité, transformé en hydrogène, est utilisé dans le réseau de gaz naturel, alimentant ainsi 200 logements.
On voit là l’intérêt de l’hydrogène issu des renouvelables, qui est de décarboner le gaz naturel et de permettre de réduire les émissions de CO2, d’améliorer la qualité de l’air et d’augmenter nettement les rendements des chaudières à condensation de 7 % à 10 %.
Ce démonstrateur fonctionnera pendant deux ans, en conditions réelles, sans surcoût pour les utilisateurs. La part d’hydrogène dans le gaz naturel a d’ailleurs été augmentée progressivement. De 6 % en juin 2018, elle est passée à 20 % en janvier 2019, soit le seuil le plus élevé testé en Europe.
Ces années vont permettre d’analyser la réaction du matériel, notamment les éventuels problèmes de corrosion des chaudières, le pouvoir calorifique du mélange gaz naturel hydrogène, mais aussi l’acceptabilité du procédé par le consommateur et sa viabilité économique.
Cette expérimentation est bien l’illustration que la transition énergétique s’opère sur nos territoires, mais aussi dans le cadre de cette stratégie nationale en plein essor. Ce projet, qui est le beau symbole de mutations, doit en permettre d’autres, s’inscrivant pleinement dans le cadre du plan hydrogène présenté en juin 2018 – cela a aussi été souligné par Jean-Pierre Corbisez.
Comme le rappelle régulièrement le maire de Dunkerque, la transition énergétique se fait dans les territoires. On n’a pas envie de la subir, et ce projet un beau symbole des mutations !
En parlant d’hydrogène, alors que nous allons entamer, le 19 mars prochain, la discussion du projet de loi d’orientation des mobilités et que la ministre Élisabeth Borne était parmi nous il y a encore quelques instants, vous me permettrez d’évoquer plus particulièrement les enjeux de l’hydrogène en matière de mobilité. Comme Élisabeth Borne le rappelait le 1er juin 2018, l’hydrogène apportera sans aucun doute une part importante des réponses pour décarboner et dépolluer nos solutions de mobilité.
Nous le savons, l’hydrogène embarqué apporte en effet pour l’électromobilité des solutions nouvelles concernant en priorité les véhicules à usage professionnel, qu’ils soient terrestres, maritimes, fluviaux ou ferroviaires.
La mobilité hydrogène fait déjà l’objet de développement concret avec les taxis et les bus. L’enjeu pour la mobilité de demain, sur laquelle nous reviendrons dans nos débats, est de favoriser dès aujourd’hui le passage à l’échelle, comme l’a rappelé l’intervenant précédent.
En matière ferroviaire, nous avons là de véritables objectifs qui ont fait l’objet d’un rapport déposé par un député sur le verdissement du ferroviaire. Nous le voyons bien, l’hydrogène est, sans conteste, une ressource avec laquelle il faut compter dans le cadre d’une transition écologique réussie. Là aussi, les débats que nous aurons lors de l’examen du projet de loi d’orientation des mobilités nous permettront de mesurer que le mix énergétique, s’agissant de mobilité, est essentiel pour proposer des solutions décarbonées.
Nous le voyons bien, l’hydrogène, sous ses différentes formes et ses différentes applications, est aujourd’hui un enjeu essentiel. Je tiens à remercier les promoteurs de ce débat de nous donner l’occasion d’échanger sur ce sujet essentiel pour nos territoires, pour notre pays. Je ne doute pas un seul instant de la volonté du Gouvernement s’agissant du développement de cette filière !