Monsieur le président, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je remercie, tout d’abord, le groupe du RDSE de la tenue de ce débat sur un sujet très intéressant et important au regard des enjeux de l’actualité.
À l’heure où le glacier Thwaites, en fusion à cause du réchauffement climatique, menace de rendre plus que réel le risque de submersion des côtes du monde entier, phénomène proprement catastrophique et inédit, nous devons absolument et rapidement mettre en place des solutions pour réduire les gaz à effet de serre, les deux principaux étant le méthane et le dioxyde de carbone. Nous sommes en effet à la croisée des chemins et devons faire des choix responsables pour l’avenir afin d’éviter l’irréversibilité du changement climatique. Il y a, en cela, urgence absolue !
En la matière, l’hydrogène est un fabuleux espoir. C’est un gaz incolore et inodore, très léger, combustible, donc, capable de libérer par combustion de la chaleur et de l’énergie. Lors de cette réaction chimique, il ne produit que de l’eau sous forme de gaz, c’est-à-dire de la vapeur d’eau.
Il présente un potentiel extraordinaire pour répondre à nos enjeux de transition énergétique, mais il n’existe pas dans la nature. L’enjeu, aujourd’hui, serait de le produire de manière décarbonée, c’est-à-dire sans la technique jusqu’à présent utilisée de vaporeformage du méthane, laquelle génère de l’hydrogène que l’on pourrait qualifier de « gris ».
Au contraire, on peut produire de l’hydrogène par électrolyse, en faisant passer du courant électrique dans de l’eau. Il se produit alors des réactions chimiques au niveau des électrodes et il se forme, à la cathode, du dihydrogène.
Ce procédé coûteux, au rendement très moyen, n’a été jusqu’à présent que peu utilisé. Si on développe les énergies renouvelables, on peut avoir la solution. La production d’électricité des éoliennes et des panneaux photovoltaïques est variable. En revanche, elle peut atteindre des pics, notamment en été, à des heures où la demande est moins importante. Cette électricité produite pourrait alors alimenter les électrolyseurs et produire un hydrogène « vert ».
Actuellement, la recherche se développe et les résultats s’annoncent d’ores et déjà prometteurs. Le CEA-Liten à Grenoble travaille sur la technologie SOEC, électrolyse à haute température et à haut rendement, en vue de son industrialisation dans un avenir très proche – on parle de cinq ans.
En outre, le projet de démonstrateur industriel Jupiter 1000 de power to gas fonctionnera, dès cette année, à Fos-sur-Mer sur le même sujet et dans le but, cette fois, de stocker de l’électricité. L’hydrogène est en effet un vecteur stratégique de stockage inter-saisonnier de l’électricité. Contrairement à l’électricité, l’hydrogène se stocke.
Dès lors, cet hydrogène vert peut être utilisé dans la mobilité propre. Il suffit d’équiper un véhicule d’une pile à combustible. Dans cette pile, l’hydrogène fournit de l’électricité en ne produisant, comme je l’ai dit, que de la vapeur d’eau.
J’ai pu voir fonctionner un bus utilisant cette technologie à Cologne, en Allemagne. À terme, c’est tout le réseau de cette métropole qui roulera à l’hydrogène. Le réservoir se remplit rapidement – c’est un réservoir à hydrogène. Sa capacité est équivalente à celle d’un véhicule diesel, et il possède donc en cela une grande autonomie. Les avantages ne s’arrêtent pas là, le moteur étant plus puissant qu’un moteur classique électrique.
Cette technologie pourrait être l’avenir de nos poids lourds, mais aussi des trains fonctionnant sur des petites lignes non électrifiées. Le scénario exposé par le projet du « verdissement du parc ferroviaire » fixe à 2035 le remplacement de trains régionaux roulant au gazole par des trains roulant à l’hydrogène. Cette perspective de 20 % de déplacements propres sera, je l’espère, tenue.
Pour ce faire, les énergies renouvelables doivent se développer. Selon RTE, notre stade de développement est actuellement insuffisant. Du volontarisme est absolument nécessaire, car nous avons du retard !
C’est de la création d’un réseau énergétique supplémentaire qu’il est question. Il faudra consentir des efforts d’investissement et accepter d’entretenir des infrastructures qui n’existent pas aujourd’hui. Le plan Hydrogène est ambitieux, très engageant, mais il doit passer à une phase de réalisation plus offensive.
Il faudra que tout le territoire national soit concerné pour que cela vaille la peine. Peut-on en rester à de simples appels à projets et laisser au bon vouloir des uns et des autres le loisir de faire ou pas ? En cela, je crois que l’État devrait reprendre son rôle de stratège.