Monsieur le sénateur, prolongeons cette discussion sur le diagnostic et venons-en à la méthode.
Depuis deux ans, le sujet de l’inclusion numérique des plus éloignés est une priorité du Gouvernement. Une méthode que nous avons adoptée très tôt part du principe qu’aucune solution venant d’en haut ne peut fonctionner.
Pendant près d’un an et demi, nous avons travaillé avec l’Assemblée des départements de France et avec de nombreux présidents de département, qui sont venus eux-mêmes participer aux groupes de travail, ainsi qu’avec l’Association des régions de France.
Nous avons aussi travaillé avec la coopérative MedNum. En un an, elle a réuni autour d’elle tous les acteurs de la médiation numérique qui opèrent sur le territoire : Emmaüs Connect, que vous avez évoqué, la Ligue de l’enseignement, ou encore tous ceux qui, dans tous nos territoires, créent des points de formation, d’accueil et de transmission de compétences, tous ces acteurs qui constituent le maillage social et associatif de notre pays. Et c’est tous ensemble que nous avons construit, pendant cette année, la stratégie nationale pour un numérique inclusif.
Cette stratégie met en valeur l’idée selon laquelle chaque territoire doit recevoir une réponse particulière, parce que tous les territoires n’ont pas les mêmes besoins.
Précédemment, on rappelait que deux Français sur dix sont exclus d’internet. Malheureusement, dans certains départements, cette proportion s’élève à quatre Français sur dix. Dans ce cas-là, il faut une mobilisation différente.
Lors de l’élaboration de cette stratégie, nous nous sommes posé la question du financement et de la compétence en la matière. La compétence numérique inclusive est à la fois la plus partagée et la moins financée : elle relève de la compétence du département, de la compétence de la région, de la compétence de l’État, de la compétence de tous ceux qui sont en train de transformer le monde autour de nous.
Une autre étude qu’il est important de noter est celle que j’ai commandée à France Stratégie. J’ai demandé à cet organisme d’estimer combien cela coûte à une personne de ne pas savoir utiliser le numérique et combien cela coûte à la France. En effet, si vous êtes dans ce cas, il n’y a pas que les services publics numériques qui vous sont rendus inaccessibles, mais aussi les services offerts par le privé. Quand on ne sait pas utiliser internet, on est moins informé. Quand on ne sait pas utiliser internet, on communique moins avec son entourage. Quand on ne sait pas utiliser internet, c’est la double peine, et on paye tout plus cher : statistiquement, dès que les Français achètent un objet d’une valeur supérieure à 100 euros, ils comparent toujours en ligne.