Madame de Cidrac, votre question est essentielle. Vous l’avez d’ailleurs tous répété, à plusieurs reprises, mesdames, messieurs les sénateurs, avec vos mots, selon votre expertise et le regard que vous portez sur vos territoires : que fait-on et quelle est la stratégie ?
Je prendrai peut-être un peu de hauteur par rapport à tous les plans très précis que j’ai décrits précédemment.
Tout d’abord, il faut des services publics numériques plus simples et plus accessibles. Cela fait partie de la méthode que j’ai expliquée auparavant.
Ensuite, pour ce qui concerne l’organisation territoriale de l’État, nous ne devons jamais réorganiser territorialement sans nous poser la question de l’accessibilité réelle et physique à un être humain. Quand il s’agit de fermer une trésorerie – et nous en fermerons ! –, a-t-on bien réfléchi à l’alternative en matière d’accueil ? On portait jusqu’à présent un regard différent avec, d’un côté, les services que l’on fermait et, de l’autre, les accueils d’urgence que l’on pourrait créer plus tard. Parfois, les MSAP ont été créées plusieurs années après la fermeture de services publics locaux.
Aujourd’hui, tout le travail que, notamment, Gérald Darmanin, Olivier Dussopt Jacqueline Gourault et moi-même menons consiste à nous poser la question, à chaque fois que nous fermons un service public, de l’accessibilité territoriale des services publics. Cette question va de pair avec la numérisation. Je le crois très fortement, on ne pouvait pas dire il y a cinq ans que l’on fermait une trésorerie et que l’on ouvrait à la place trois lieux d’accueil avec des agents multidisciplinaires parce que nous n’avions pas les outils pour le faire. Paradoxalement, grâce au numérique, on pourra, demain, fermer une trésorerie et ouvrir trois nouveaux lieux pour faire plus d’humain. C’est ainsi que nous voyons aujourd’hui les choses.
Il n’est pas question, d’un côté, de faire des économies sur le dos de ceux qui sont les plus éloignés des centres actifs et, de l’autre, de tirer les bénéfices du numérique. Non, en même temps, le numérique rend les services publics accessibles à ceux qui savent et rend les humains plus proches pour ceux qui en ont besoin. §J’y crois très fortement.
Le numérique peut être la solution, l’élément transformateur pour désenclaver ceux qui se sentent les plus éloignés.