J’ai effectué mon premier déplacement en tant que ministre en Isère, à Besse-en-Oisans. J’allais travailler avec un maire d’un village des environs, qui m’avait expliqué avoir mis dix ans pour faire implanter un pylône de téléphonie mobile sur son territoire.
Pourquoi un tel délai ? Il avait dû lever de très nombreuses contraintes. D’abord, il avait fallu convaincre les opérateurs. Ensuite, comme nous en avons débattu précédemment, le maire avait dû, sur la demande d’un certain nombre d’acteurs, dont les architectes des bâtiments de France, faire des tests auprès de toutes les communes avoisinantes pour voir sur quel mont le pylône serait le moins visible. Tout cela a pris dix ans.
À l’occasion de ce déplacement, au moment du pot convivial de fin, j’ai rencontré deux jeunes. Je leur ai dit que c’était très « sympa » de se trouver là ; ils m’ont répondu qu’ils étaient les deux derniers à être restés. Tous les autres jeunes étaient partis parce que le village était une zone totalement blanche depuis dix ans. À partir de l’adolescence, ils allaient faire leurs études ailleurs…
Face à de tels constats, qu’avons-nous fait ? J’évoquais le new deal que nous avons formalisé, imposant aux opérateurs un certain nombre d’objectifs obligatoires.
En Isère, douze zones blanches de la première liste sont déjà identifiées et font l’objet d’un déploiement. Nous continuerons de la sorte, d’année en année.
Mais il faut aussi évoquer les changements en cours sur des dizaines de sites, qui passent des anciennes technologies 2G et 3G à la nouvelle technologie 4G. À l’échelle du territoire national, 3 500 sites ont bénéficié d’une telle évolution depuis le 1er janvier 2018.
Par ailleurs, monsieur le sénateur Savin, vous m’interrogez sur les nouvelles technologies. La fameuse loi Montagne évoquée par vos soins a eu deux effets : d’une part, elle nous a permis d’obliger les opérateurs à procéder à un certain nombre de déploiements – c’est le fameux article L. 33-13 du code des postes et des communications électroniques – et, d’autre part, elle impose à toutes et tous, chaque fois qu’une nouvelle loi est débattue, de porter une attention particulière à ces territoires de montagne, du fait de leurs spécificités.
S’agissant de la 5G, rien n’est défini aujourd’hui. Mais notre préoccupation est tout de même d’éviter que, au motif de la 5G, on oublie la 4G. Il y a là un véritable risque.
Autrement dit, nous avons le souci de passer des anciennes aux nouvelles technologies actuelles – c’est-à-dire la 4G – et de conserver l’état d’esprit qui est le nôtre dans tout le déploiement des technologies futures. Pour autant, il faut éviter de faire des sauts technologiques qui, in fine, desserviraient les territoires que vous défendez. Ce n’est ni votre souhait, ni le nôtre !