Nous sommes à un tournant. Je me suis rendue en Turquie, dans le cadre du déplacement de la Mission commune d'information sur l'accord du 18 mars 2016 entre l'Union européenne et la Turquie sur la crise des réfugiés. Le lendemain de notre arrivée, survenait le premier attentat à l'aéroport d'Istanbul. Nos interlocuteurs doutaient déjà de l'évolution de la démocratie et ce, bien avant le coup d'État ! Les partis politiques avaient de moins en moins la possibilité de s'exprimer, les opinions tendaient à se figer, tandis que l'accord UE-Turquie sur la crise des réfugiés mentionnait la future adhésion, la question des visas et la possibilité de bénéficier d'aides financières. À cet égard, je ne peux que penser à un aphorisme de Raymond Barre qui déclarait que, pour être un homme debout, il ne fallait surtout pas manger avec le diable, fût-ce avec une longue cuillère. Il faut savoir raison garder. Alors que nous manifestions place de la République, il y a deux jours encore, notre soutien aux valeurs de la démocratie et du pluralisme, il est impossible de s'accorder avec une Turquie devenue antidémocratique et antiparlementaire. Rappelons-nous l'incarcération de plusieurs dizaines de nos collègues du Parlement turc ! Je m'abstiendrai, en conséquence, sur la publication du rapport.