Intervention de Cédric Villani

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 14 février 2019 à 9h40
Audition du professeur gérard mourou prix nobel de physique 2018

Cédric Villani, député, premier vice-président de l'Office :

Merci cher Gérard, Monsieur le Président. Je n'ai rien à ajouter, si ce n'est que l'Assemblée nationale associée à l'OPECST, organe bicaméral, se réjouit considérablement de la venue de Gérard Mourou. Comme Gérard Longuet l'a souligné, Monsieur Mourou s'inscrit dans une longue lignée de physiciens français couronnés dont nous sommes fiers, et dans ce domaine de la physique nucléaire tout particulièrement. J'ai eu l'occasion de côtoyer à plusieurs reprises Claude Cohen-Tannoudji et Serge Haroche. À chaque fois, ces Nobel ont marqué des étapes très importantes du point de vue de la technologie, de la science et du rayonnement de la France. Avec Gérard Mourou, nous avons aussi une distinction marquante, aussi bien sur le fond que sur la forme.

Gérard Mourou me rappelait il y a quelques instants que nous étions invités l'un et l'autre sous la coupole de l'Académie des sciences il y a une douzaine d'années pour recevoir des prix scientifiques. Depuis lors, lui comme moi avons eu la chance de nous retrouver face à des prix beaucoup plus visibles. Comme chacun le sait, ce n'est pas tout d'obtenir des prix, il convient aussi de savoir ce que l'on en fait. Il s'agit dès lors de valoriser le capital de lumière que ces prix représentent. Dans le cas de Gérard Mourou, nous verrons que les applications fondamentales - dans tous les sens du terme - laissent augurer d'un avenir considérable.

Professeur Gérard Mourou, prix Nobel de physique 2018. - Merci beaucoup de cette invitation à venir m'exprimer devant vous, reçue avec mon ami le Professeur Sydney Galès. Merci pour tous les éloges que vous nous avez adressés. Il n'est en effet pas tout de gagner un prix célèbre, il faut ensuite savoir ce que nous allons en faire. Ce prix nous confère immédiatement une aura extraordinaire, qui facilite nos rêves et la réalisation de nos missions. Le domaine pour lequel j'ai été distingué est celui des lasers à très haute intensité, qui permettent de façon pratique de réaliser beaucoup de choses.

La troisième personne dont je parlerai aujourd'hui dans ma présentation est le Professeur Toshiki Tajima, de l'Université d'Irvine (UCI) en Californie, qui n'a malheureusement pas pu se joindre à nous. De même que je suis le spécialiste du laser à haute intensité, le professeur Tajima est l'inventeur de l'une des grandes applications de ce laser : l'accélération de particules qu'il est possible de réaliser avec le laser, dénommée Laser Wakefield Acceleration (LWFA). Ce concept est extrêmement important pour la transmutation des déchets, car il s'agit avant tout de créer des particules à très haute énergie. En mixant l'invention du professeur Tajima et la mienne, il est possible de créer de très fortes intensités et de réduire d'une façon considérable la taille des accélérateurs. Cette taille passerait ainsi de plusieurs centaines de mètres, voire dizaine de kilomètres actuellement pour les accélérateurs conventionnels, à une échelle de l'ordre du centimètre !

Lorsque j'ai reçu le prix Nobel, j'ai indiqué que l'un des domaines dans lesquels je souhaitais m'investir - pas nécessairement tout de suite - était le développement de ce laser à très haute intensité. J'ai invité le professeur Sydney Galès, car il est une sommité dans le domaine du nucléaire et tous deux, travaillons avec le professeur Tajima. Nous aurons un débat intéressant aujourd'hui. La transmutation des déchets nucléaires pourrait peut-être être réglée avec cette arme nouvelle qu'est le laser de haute intensité.

Monsieur le Président, vous avez évoqué les débris spatiaux : je n'en parlerai pas principalement aujourd'hui, mais c'est ma deuxième passion.

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