Intervention de Pierre-Yves Collombat

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 7 mars 2019 à 8h30
Audition de M. Bertrand Badie professeur des universités à l'institut d'études politiques de paris

Photo de Pierre-Yves CollombatPierre-Yves Collombat, rapporteur :

Vous connaissez la première phrase du Manifeste du parti communiste de Marx : « Un spectre hante l'Europe : le spectre du communisme ». Aujourd'hui, c'est du populisme qu'il s'agit. Et pour éloigner les fantômes, les injures ont remplacé les fumigations d'encens : xénophobes, antisémites, leur lance-t-on ! Hitler viendra chercher ceux qui ne votent pas bien, ajoute-t-on parfois ! J'ai apprécié que vous dépassiez ces procédés, dans votre livre, pour tenter de trouver des éléments communs aux phénomènes populistes.

Mais vous semblez hésiter entre deux explications fondamentales : d'une part, la convergence fortuite de causes occasionnelles et locales, d'autre part, l'absence d'institutions adaptées à la mondialisation, nouveauté inéluctable, irrésistible et orientée dans le sens de l'Histoire... Or ce n'est pas la première mondialisation, Karl Polanyi l'a montré en long, en large et en travers. Et il faudrait, dites-vous, trouver les institutions correspondant à la mondialisation, mais comment ? Avec quelle souveraineté ? Peut-on seulement agir sur les institutions sans restaurer les souverainetés nationales, les seules que nous connaissions ? Au fond, si nous ne sommes pas adaptés à la mondialisation, c'est que nous serions arriérés, ou opposés à l'avenir... Les choses, je crois, sont plus compliquées que cela, et ce qui se passe est peut-être l'inverse de ce que vous décrivez.

2 commentaires :

Le 20/02/2020 à 23:33, aristide a dit :

Avatar par défaut

Ne pas donner fréquemment et sur des sujets variés la parole au peuple par voie de référendums est le meilleur moyen de créer le populisme. Le peuple refoulé, rejeté dans le silence, cherche et trouve sa revanche dans le populisme, et plus le refoulé sera important, plus la violence sera grande. Vous voulez une démocratie apaisée sans populisme ? Organisez alors de nombreux référendums.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 20/02/2020 à 23:38, aristide a dit :

Avatar par défaut

Pourquoi la Suisse n'a pas cédé à la voie du pangermanisme hitlérien en 39-45, puisque sa population était en majorité d'orgine germanique, et donc propre à trouver séduisant le discours philo-germanique de Hitler ? Parce que la population suisse était habituée à se déterminer par référendums, comme de nos jours, ce qui l'avait habitué à réfléchir par elle-même, et donc à résister au nazisme, au populisme bête, méchant et criminel.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Inscription
ou
Connexion