Je représente la commission genre de Coordination SUD.
Au cours de mes cinq minutes de parole, 150 filles seront mariées de force à travers le monde, seront ainsi privées d'éducation et ne participeront pas au développement de leur pays.
L'égalité femme-homme est une priorité du Cicid et du quinquennat. La France s'est dotée d'une stratégie internationale pour l'égalité entre les femmes et les hommes (2018-2022) et porte une parole puissante dans les instances multilatérales, notamment dans le cadre du G7 et à l'assemblée générale des Nations unies.
L'égalité de genre est avant tout une question de justice et de garantie des droits humains. La prise en compte des enjeux de genre est une condition sine qua non de l'efficacité du développement et de l'action humanitaire. À défaut, nous ne pouvons parler de développement et de solidarité internationale. La future loi devra donner corps à l'objectif de développement durable n° 5, qui vise l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et des filles à la fois de manière transversale et de manière spécifique.
L'inclusion des femmes et des filles constitue un moteur de croissance, de stabilité, de développement humain. Vaincre les inégalités femme-homme dans l''éducation pourrait rapporter aux pays en développement entre 112 et 152 milliards de dollars par an.
La future loi devra prendre en compte l'approche genre dans l'ensemble de la politique de développement et de solidarité internationale de la France. L'égalité doit ainsi apparaître comme un principe directeur et transversal de cette loi. Elle devra fixer des objectifs clairs et définir un cadre précis de « redevabilité », notamment par l'application systématique des marqueurs genre de l'OCDE et la formation de l'ensemble des agents de l'APD à l'égalité de genre.
En matière de programmation budgétaire, la France doit mener une action double d'intégration de l'égalité de genre dans la loi, au travers d'abord d'une intégration de manière transversale dans l'ensemble des projets que porte la France des marqueurs n° 1 et 2 de l'OCDE, qui mesurent les projets selon qu'ils prennent en compte l'égalité de genre comme un objectif significatif ou un objectif principal, et ce à hauteur de 85 % d'ici à 2022. Dans un second temps, l'objectif doit être d'accroître la part des projets ayant comme objectif principal les enjeux en matière d'égalité femme-homme.
Il s'agit d'inscrire dans la future loi à la fois la trajectoire d'augmentation de l'APD dédiée au genre de manière transversale - 85 % - et de la part de projets intégrant le genre comme objectif principal - 20 %. L'Union européenne s'est d'ailleurs engagée au travers de son plan d'action genre 2016-2020 à ce que 85 % de son aide publique au développement intègre le genre - marqueurs n°1 et 2 de l'OCDE.