Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 13 février 2019 à 9h30
Enjeux de la présidence française du conseil de sécurité en mars 2019 — Audition de M. Alexis Lamek directeur des nations unies au ministère de l'europe et des affaires étrangères

Photo de Christian CambonChristian Cambon, président :

Nous accueillons M. Alexis Lamek, directeur des Nations unies au ministère des affaires étrangères, pour une audition consacrée aux enjeux de la présidence française du Conseil de sécurité de l'ONU qui débute dans quinze jours.

Le siège de la France au Conseil de sécurité lui confère un rayonnement international et une influence sans commune mesure. Elle y joue un rôle particulier. Nous avons été nombreux à nous rendre en mission au sein de la représentation permanente de la France à l'ONU et en avons donc une idée claire.

Sept des quatorze opérations de maintien de la paix des Nations unies, mobilisant au total 100 000 casques bleus, se déroulent en Afrique et pour quatre, la France a été « plume » pour leur adoption. Celle-ci soutient la réforme de ces opérations prônée par le secrétaire général Antonio Guterres, pour les rendre plus efficaces, robustes et offensives.

Au-delà du maintien de la paix, le Conseil de sécurité est aussi chargé de régler les crises. L'année 2018 a été sous tension : d'un côté, les États-Unis ont, d'une manière générale, multiplié les initiatives négatives et exercé une forte pression sur les budgets ; de l'autre, la Russie poursuit son blocage du Conseil de sécurité, avec un usage particulièrement extensif du droit de veto, laissant impunies nombre d'atteintes au droit international, notamment en Syrie et en Ukraine ; enfin, la Chine occupe une position particulière en étant de plus en plus investie à l'ONU. Elle est le deuxième contributeur des opérations de maintien de paix, mais reste cependant sensible, pour ne pas dire chatouilleuse, sur la souveraineté des régimes et se refuse à toute limitation de son droit de veto. En conséquence, le Conseil de sécurité est demeuré bloqué sur des sujets de première importance, en particulier le dossier syrien qui a été marqué par cinq vetos de la Russie en 2018.

Monsieur le directeur, quelle est votre perception de la dynamique des rapports de forces qui régissent aujourd'hui le Conseil de sécurité ? Dans ce contexte, quelles sont les chances que la présidence française puisse jouer un rôle de moteur du multilatéralisme ? Celui-ci est très largement remis en cause par les grandes puissances.

Grâce à un ordre alphabétique favorable, la France et l'Allemagne (Germany en anglais) conduiront en mars et en avril une présidence jumelée du Conseil de sécurité, ce qui constitue une initiative inédite et surtout symbolique. La France prévoit de faire adopter en mars une résolution sur le financement du terrorisme et l'Allemagne entend insister en avril sur la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits. Un déplacement du Conseil de sécurité au Mali est prévu. Comment la France envisage-t-elle cette présidence jumelée avec l'Allemagne, qui lui succédera à la tête du Conseil en avril, dans le contexte particulier des déclarations pour le moins provocatrices du ministre allemand des finances, appelant la France à céder son siège de membre permanent à l'Union européenne, ce qui n'a pas manqué de créer son lot de fake news ? Enfin, quelles seront les grandes priorités et les enjeux majeurs de cette présidence ?

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