D’une certaine manière, je porterai cet après-midi la voix des quarante sénateurs hommes qui ont cosigné cette proposition de résolution.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et ces pratiques, qui – je le déplore – sont en constante augmentation, tendent à s’aggraver. Nous les connaissons, mais permettez-moi de vous les rappeler : toutes les sept secondes, une jeune fille de moins de 15 ans est mariée dans le monde ; toutes les quinze secondes, une fillette ou une femme est excisée ; une fille sur cinq donne naissance à son premier enfant avant l’âge de 18 ans ; 70 000 décès dans le monde sont causés chaque année par des grossesses précoces.
Ces réalités ne sont pas sans conséquence pour ces femmes, sur le plan tant psychologique que physique. Il n’est pas tolérable de nos jours que, dans certains pays, des professionnels de santé se livrent à de tels actes aux fins de garantir des conditions d’hygiène et de santé décentes, voire les justifient par des traditions culturelles ou religieuses. Ces pratiques illustrent, mes chers collègues, la place que l’on donne à la femme, à l’enfant et tout simplement à l’humain dans la société.
Je tiens à remercier la présidente de la délégation, Annick Billon, auteure d’un rapport d’information intitulé Dénoncer, pour y mettre fin, le mariage des enfants et les grossesses précoces : un enjeu décisif pour les droits des filles, partout dans le monde, et mes collègues Maryvonne Blondin et Marta de Cidrac pour leur rapport d’information intitulé Mutilations sexuelles féminines : une menace toujours présente, une mobilisation à renforcer. Ces rapports ont inspiré la présente proposition de résolution.
La qualité de ces travaux et les différentes auditions et tables rondes qui se sont tenues nous permettent, aujourd’hui, de réaffirmer notre mobilisation face aux fléaux que vivent les femmes et les jeunes filles. J’ai eu l’occasion de participer avec vous, mes chères collègues, à un déplacement sur le terrain, qui m’a permis d’écouter différents témoignages et de me rendre véritablement compte de la situation. Rien ne vaut de tels témoignages pour les parlementaires que nous sommes !
Dès lors, à l’instar du Parlement européen et de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, le Sénat doit exprimer la totale mobilisation des parlementaires pour interdire ces agissements. Monsieur le secrétaire d’État, la justice doit aussi se saisir davantage de ces problèmes.
Dans le cadre de cette prise de conscience, il est nécessaire de promouvoir, partout dans le monde, l’éducation des filles, comme l’a rappelé notre collègue Nassimah Dindar.
L’ensemble de ces dispositifs a un coût, et nous ne pouvons mener ces combats sans moyens financiers suffisants. C’est pourquoi nous recommandons que des subventions soient attribuées par la France aux différentes associations investies dans la lutte contre le mariage forcé dans un cadre financier pluriannuel.
En tant que membre de la délégation aux droits des femmes du Sénat, je crois que nous devons tous prendre conscience de l’existence de telles pratiques. C’est pourquoi je vous invite, mes chers collègues, au nom du groupe Union Centriste, à adopter sans aucune réserve cette proposition de résolution.