Intervention de Pascal Allizard

Commission des affaires européennes — Réunion du 14 mars 2019 à 16h30
Institutions européennes — Débat préalable au conseil européen en présence de mme nathalie loiseau ministre chargée des affaires européennes

Photo de Pascal AllizardPascal Allizard, vice-président de la commission des affaires étrangères :

Je vous remercie d'excuser l'absence du président Christian Cambon, qui participe cette semaine au déplacement du Président de la République sur le continent africain.

Madame la Ministre, nous vous écouterons très attentivement au sujet du Brexit. J'aurais aimé vous interroger sur ce point mais je suis sûr que d'autres le feront. Je m'en tiendrai donc à deux questions, que je qualifierais de géostratégiques car elles portent sur la capacité de l'Europe à préserver son unité et à jouer un rôle, à l'avenir, au sein du concert des grandes puissances. L'Europe se divise, alors que le centre de gravité des relations internationales se déplace vers le Pacifique. Cela m'inspire une double interrogation.

En premier lieu, un sommet entre l'Union européenne et la Chine aura lieu à Bruxelles le 9 avril prochain. Le prochain Conseil européen doit débattre d'une position commune, alors que l'Italie serait sur le point de signer un accord bilatéral avec Pékin pour s'associer au projet de Belt And Road Initiative ! Où est l'unité dont se prévaut l'Union européenne vis-à-vis de la Chine, alors que plusieurs États membres ont déjà adhéré à l'initiative chinoise, notamment seize pays d'Europe centrale et orientale avec lesquels la Chine a instauré une coopération approfondie dans le cadre du format dit « 16+1 » ?

La Chine a déjà, entre autres, acheté le port du Pirée ; elle projette d'investir demain dans celui de Trieste. Mais l'Europe ne risque-t-elle pas de regarder passer les trains des routes de la soie ? L'initiative chinoise progresse très rapidement sur tous les continents, dessinant les contours d'un multilatéralisme que je qualifierais de bilatéralisme de masse. La politique chinoise comporte des risques à maîtriser, mais aussi des opportunités à côté desquelles l'Union européenne risque de passer. Face à ces évolutions, quelle voix l'Europe entend-elle porter ?

Le second volet de ma question porte sur la place future du Royaume-Uni dans l'architecture de sécurité et de défense européenne. Là encore, il s'agit d'éviter la diffraction de l'Europe, malgré le Brexit et les nombreuses tentations de division. Après avoir parlé d'armée européenne, le Président de la République a récemment proposé un traité de défense et de sécurité. De quoi s'agit-il ? La France participe activement au renforcement de la défense européenne. Elle défend le concept d'autonomie stratégique et a lancé l'initiative européenne d'intervention, à laquelle neuf autres pays européens ont adhéré.

Toutefois, nos partenaires européens ne comprennent pas toujours bien le sens de notre activisme, et chaque nouvelle proposition vient, semble-t-il, accroître leur trouble... Pourriez-vous nous éclairer sur le sens de ce nouveau traité ? S'agit-il d'avancer en dehors de l'Union européenne ? Les Britanniques sont les seuls en Europe à disposer de capacités et d'une doctrine opérationnelle comparables aux nôtres. Notre coopération bilatérale perdurera mais comment seront-ils associés plus largement, à l'avenir, à notre architecture de défense et de sécurité ?

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