Intervention de Catherine Troendle

Commission des affaires européennes — Réunion du 19 mars 2019 à 15h00
Institutions européennes — Réunion conjointe avec une délégation du bundesrat de la république fédérale d'allemagne en présence du groupe interparlementaire d'amitié france-allemagne

Photo de Catherine TroendleCatherine Troendle, présidente du groupe d'amitié France-Allemagne :

Je suis très heureuse que les commissions des affaires européennes du Sénat et du Bundesrat soient aujourd'hui réunies, en présence des membres des groupes interparlementaires d'amitié entre l'Allemagne et la France du Sénat et du Bundesrat. C'est l'occasion d'évoquer ensemble l'avenir des relations franco-allemandes après la signature, le 22 janvier dernier, du traité d'Aix-la-Chapelle.

Comme le souligne la déclaration interparlementaire franco-allemande signée ce matin par le Président Gérard Larcher et le Président Daniel Günther, le Sénat et le Bundesrat souhaitent « apporter leur contribution pour continuer de développer à tous les niveaux les bonnes relations entre la France et l'Allemagne », dans le cadre de la « nouvelle orientation donnée à la coopération franco-allemande dans le contexte européen par le Traité d'Aix-la-Chapelle ».

Parmi les objectifs fixés par la déclaration du Sénat et du Bundesrat pour la poursuite de l'approfondissement des relations franco-allemandes, figurent, aux articles 2 à 5, plusieurs axes sur lesquels je souhaite insister : le renforcement de la compréhension mutuelle et l'apprentissage de la langue, les jumelages, la consolidation des coopérations transfrontalières et régionales.

Concernant le renforcement de la compréhension mutuelle et l'apprentissage de la langue - un fondamental -, après 56 années de coopération fructueuse entre nos deux pays, l'amitié franco-allemande semble aller de soi. Il nous appartient aujourd'hui de pérenniser ces liens privilégiés au quotidien. Pour cela, nous devons sensibiliser chaque nouvelle génération à l'importance de cette relation étroite entre nos deux pays. En 1963, le général de Gaulle et le chancelier Adenauer avaient fait de l'éducation et la jeunesse l'un des trois axes du traité de l'Élysée, aux côtés des affaires étrangères et de la défense.

Bien sûr, nous pouvons nous réjouir des succès obtenus, depuis, en matière de formation et d'échanges de jeunes. Je veux souligner la participation de plus de 8,2 millions de jeunes français et allemands à plus de 320 000 programmes d'échange, grâce à l'Office franco-allemand pour la jeunesse, ou encore l'offre de 180 cursus intégrés binationaux sous l'égide de l'Université franco-allemande. S'ajoute également, en direction de la jeunesse, l'existence des lycées franco-allemands - Sarrebruck, Fribourg et Buc -, dont le quatrième est en cours de création à Hambourg, et des 4 300 jumelages d'établissements. Néanmoins, nous ne pouvons pas nous contenter du million d'élèves français qui apprennent l'allemand, ni du million et demi d'élèves allemands qui étudient le français. Clé de la compréhension mutuelle, l'apprentissage de la langue de l'autre pays doit être renforcé, pour tous, dans les différents types de formation et de cursus. En outre, des améliorations restent à apporter en matière de reconnaissance mutuelle des diplômes ou encore de mobilité des apprentis.

En ce qui concerne les jumelages, coopération transfrontalière et consolidation des coopérations régionales, je souhaiterais aussi souligner le rôle décisif des collectivités territoriales et de l'engagement des élus locaux pour le rapprochement entre jeunes français et allemands. C'est aussi dans le cadre des échanges scolaires, culturels ou encore sportifs entre villes jumelées que les rencontres s'organisent. Ainsi, les 2 200 jumelages entre des communes de France et d'Allemagne demeurent des instruments-clés du resserrement des liens entre citoyens français et allemands.

Outre les jumelages, la coopération entre régions françaises et Länder allemands peut aussi connaître de nouvelles impulsions. La question se pose avec une acuité particulière pour les régions transfrontalières, qui sont de vrais « laboratoires » de la coopération franco-allemande au quotidien. Nous avons à l'esprit le tramway reliant Strasbourg et Kehl, ou encore la signature du protocole d'accord pour l'amélioration durable des transports ferroviaires transfrontaliers par la région Grand-Est et le Land de Rhénanie-Palatinat, d'une part, et de Sarre, d'autre part, mais aussi la smart border initiative européenne portée par la France et l'Allemagne et visant à optimiser l'utilisation des réseaux électriques dans les régions transfrontalières. Ce sont autant d'illustrations de l'efficacité de cette coopération transfrontalière franco-allemande. Elle permet tout à la fois d'optimiser les investissements, de favoriser le développement et l'attractivité des territoires de part et d'autre de la frontière, d'améliorer les services proposés aux citoyens et, ainsi, de rendre l'Europe concrète au quotidien.

En reconnaissant l'importance de la coopération transfrontalière et en assouplissant son cadre juridique, le traité d'Aix-la-Chapelle ouvre des perspectives vers de nouveaux projets, tant en matière de mobilité, de transport et d'environnement, que dans les domaines de la santé, de la petite enfance, de l'éducation ou de la formation professionnelle.

Mais les coopérations régionales doivent également être consolidées dans les régions non frontalières. Il s'agit de rapprocher plus largement les sociétés civiles allemande et française : Nouvelle Aquitaine et Hesse, Normandie et Basse-Saxe, Pays de la Loire et Schleswig-Holstein... Les exemples de coopération fructueuse entre régions non frontalières sont nombreux. La première Quinzaine franco-allemande qui s'est tenue en septembre dernier en région Occitanie allait précisément en ce sens, avec le triple objectif de faire vivre l'amitié franco-allemande au plus près des citoyens et du territoire, y compris loin de notre frontière commune, de mettre en valeur les potentialités ouvertes par la coopération franco-allemande et d'ouvrir de nouvelles perspectives d'initiatives communes à développer.

Ainsi, au lendemain de la signature du traité d'Aix-la-Chapelle qui « reconna[ît] le rôle fondamental de la coopération décentralisée des communes, des départements, des régions, des Länder, du Sénat et du Bundesrat », et à la suite de l'adoption ce matin de la déclaration interparlementaire franco-allemande entre le Sénat et le Bundesrat, saisissons l'occasion pour donner un nouvel élan à la coopération et à l'amitié entre nos deux peuples !

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