Monsieur Menonville, je puis vous rassurer, et le faire avec force. Je commencerai par vous dire que mon grand-père s’est battu à Verdun, probablement comme beaucoup de vos aïeux, mesdames, messieurs les sénateurs. Je n’ai pas plus de raisons que vous de souhaiter que la bataille de Verdun soit occultée, ce qui n’est aucunement le cas – je le dis très solennellement – dans les programmes que nous avons conçus.
Non seulement la référence à cette bataille n’est pas occultée, mais, si vous me permettez l’expression, elle « progresse ». En effet, dans les programmes qui existaient précédemment, ceux de 2010, Verdun n’était pas nommée. La Première Guerre mondiale elle-même n’était pas réellement décrite, puisqu’elle était là simplement à titre d’exemple de ce qu’était une guerre totale absolue.
Les nouveaux programmes sont incontestablement un progrès à cet égard et à bien d’autres, puisqu’ils sont chronologiques. On étudie la Première Guerre mondiale de façon chronologique, après ce qui s’est passé avant et avant ce qui se passera après… L’élève de troisième étudie déjà Verdun, qui figure dans les programmes ; en première, il l’étudie de nouveau au travers de ces programmes chronologiques, selon lesquels on étudie non seulement la guerre de 14-18, mais, à l’intérieur de celle-ci, la guerre de positions. Si l’on évoque ce concept, on parle évidemment de Verdun.
Verdun sera donc étudiée ; Verdun sera analysée ; Verdun sera approfondie, au titre non seulement de l’histoire, mais aussi de la mémoire. Hier même – c’est un hasard du calendrier –, se tenait un colloque de l’éducation nationale sur la façon dont nous avons commémoré le premier centenaire.
Je souscris donc évidemment à tout ce que vous avez dit ; nous devons enseigner Verdun, non seulement le Verdun de 1916, mais encore le Verdun de la mémoire. En outre, je vous le garantis, les documents d’accompagnement, qui sont au moins aussi importants que ce que nous écrivons dans les programmes, parleront de Verdun.
Enfin vous l’avez souligné, nous pouvons faire confiance aux professeurs ; il n’y a pas un seul professeur d’histoire-géographie en France qui parlerait de la guerre de 14-18 sans parler de Verdun.
J’ai entendu, le week-end dernier, des choses qui m’ont surpris ; certains ont prétendu que c’était une « deuxième mort » pour Verdun. Selon moi, Verdun n’est pas morte ! Il y a eu une première victoire, et, si la mémoire est une victoire, alors il y aura justement une seconde victoire de Verdun.