Intervention de Olivier Jacquin

Réunion du 26 mars 2019 à 14h30
Orientation des mobilités — Article 20

Photo de Olivier JacquinOlivier Jacquin :

Tout d’abord, je salue la position du rapporteur et l’explication qu’il a donnée sur l’état de la réflexion entre le mois de novembre et aujourd’hui.

Madame la ministre, le jeune Kévin Durand, dont j’ai parlé, fait partie de ces personnes qui ne souhaitent pas être salariées. En travaillant sur cette question, j’ai rencontré un certain nombre de jeunes comme lui.

Toutefois, lorsque je lui ai demandé s’il considérait qu’il était un esclave de l’algorithme, il m’a répondu qu’il ne l’était pas, qu’il l’était devenu, mais qu’il ne souhaitait pas l’être, et qu’il voulait se battre contre cette logique du moins-disant. Je lui ai expliqué ce que pourrait lui apporter un nouveau statut, telle une coopérative d’activités et d’emplois. Je le répète : on peut être entrepreneur salarié à temps partiel, en CDI, et peser collectivement face aux plateformes. Sinon, on est atomisé, explosé, ubérisé, puis, un jour, déconnecté.

Le problème de fond de certaines plateformes est que leur modèle économique ne permet pas une juste rémunération du travail. J’ai mis en garde mes propres enfants, à qui je parle de mes activités et à qui je livre mes réflexions. Je leur ai dit : « Si vous commandez une pizza chez Deliveroo, vous optez pour un système qui ne peut pas rémunérer le temps de travail. Si vous montez dans un taxi Uber, vous cassez le modèle social, vous entretenez une profonde distorsion de concurrence au détriment des travailleurs dûment enregistrés et régulés. »

Je pense que l’on peut faire beaucoup mieux que cette course au moins-disant, laquelle est en fait un véritable cheval de Troie dans notre modèle social.

J’ai vu ce matin à la gare de l’Est d’immenses publicités pour une plateforme dénommée Kapten, laquelle a relancé la guerre des prix dans les VTC. Elle propose la course minimale au prix de 6 euros.

Dans ces conditions, quatre jeunes qui sortent le soir ne prennent pas le métro, car cela leur coûte plus cher ! Ceux qui vont à Roissy le savent, un forfait de 50 euros a été instauré pour s’y rendre. Or certains VTC proposent désormais cette course à 25 euros. Ce modèle n’a pas de fin… Il va toujours vers le moins-disant. Il est un cheval de Troie dans notre modèle social, il fabrique du travail pauvre et entame la cohésion sociale.

Il faut donc refuser cet article et le supprimer

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