Intervention de Gérard Longuet

Réunion du 26 mars 2019 à 14h30
Orientation des mobilités — Articles additionnels avant l'article 21

Photo de Gérard LonguetGérard Longuet :

J’incite mes collègues à suivre la commission dans sa sagesse et à ne pas décider dès maintenant, d’une façon unilatérale, que la France renonce au moteur thermique à une date fixe.

Tout d’abord, nous n’avons pas exploré toutes les conséquences positives et négatives des situations de rechange. On découvre, par exemple, que l’automobile électrique fonctionne avec des batteries. Or celles-ci ont deux caractéristiques : premièrement, nous n’en produisons pas, et, deuxièmement, notre grand visiteur d’aujourd’hui occupe pour l’instant une position centrale, qui n’est absolument pas remise en cause.

Avons-nous l’intention, dans le secteur de l’automobile électrique, où la batterie représente de 45 % à 50 % du coût du véhicule, de dépendre exclusivement d’une économie centralisée, dont les moyens, nous l’avons vu pour les panneaux photovoltaïques, ne font pas appel à des principes de concurrence, sauf à désarmer nos constructeurs et à rendre les clés de la maison ?

Ensuite, plusieurs hypothèses sont aujourd’hui envisagées pour le véhicule électrique. L’énergie peut être stockée par des batteries, avec des inconvénients environnementaux considérables qui se confirment chaque jour un peu plus, ou bien par des piles à combustible, dont la capacité à être déployées pour des millions d’usagers automobiles dans quarante ans n’est malheureusement pas du tout établie.

Enfin, quelle que soit la passion que nous ayons les uns et les autres pour l’exemplarité française, force est de reconnaître que tous les pays ne produisent pas d’électricité décarbonée comme nous le faisons, mais produisent des véhicules. Nous risquons donc d’affaiblir notre industrie automobile, peut-être même de la dégrader d’une façon inéluctable, et de la priver de son marché national pour exister sur des marchés extérieurs qui, eux, resteront des marchés thermiques.

Telles sont les raisons pour lesquelles la position de la commission, qui consiste à afficher une direction, mais à ne pas décréter par la loi, sauf à en décrédibiliser l’autorité en affichant des objectifs qui ne pourraient pas être tenus, me paraît extrêmement raisonnable.

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