Intervention de Tony Blanco

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 27 mars 2019 à 10h00
Dématérialisation des moyens de paiement — Audition commune de Mm. Tony Blanco secrétaire général et membre du directoire de la banque postale olivier gayraud juriste à l'association consommation logement et cadre de vie clcv et erick lacourrège directeur général des services à l'économie et du réseau de la banque de france Mme Sophie Lejeune secrétaire générale de la confédération des buralistes et M. Jérôme Reboul sous-directeur des banques et des financements d'intérêt général à la direction générale du trésor

Tony Blanco, secrétaire général et membre du Directoire de La Banque postale :

Comme vous le savez, La Banque postale n'est pas une banque comme les autres. Elle a des spécificités propres, au premier rang desquelles la force du réseau du groupe La Poste, avec plus de 17 000 points de contact en France, dont plus de 8 000 bureaux de poste, 6 340 agences postales communales et intercommunales et plus de 2 700 relais commerçants. La Banque postale, c'est aussi la force de l'engagement citoyen, la banque de tous. L'accessibilité bancaire figure en effet parmi les quatre missions de service public confiées à La Banque postale. Notre groupe noue des partenariats avec des associations et assure un accompagnement humain de proximité extrêmement fort via ses bureaux. Enfin, c'est aussi une banque qui a vocation à occuper tous les créneaux de la banque de détail.

En ce qui concerne les tendances et les besoins en matière d'espèces, nous partageons les propos précédents : le recours aux espèces comme moyen de paiement diminue en France, alors que l'utilisation de la carte bancaire pour les petits paiements tend à augmenter.

Ces petits montants continuent d'être majoritairement réglés en espèces, mais les évolutions technologiques et réglementaires ont largement bouleversé les comportements des acteurs, en particulier la directive du 25 novembre 2015 concernant les services de paiement dans le marché intérieur, dite « DSP2 ».

Tendanciellement, nous ne constatons pas de refus massif des espèces. L'idée d'une société sans espèces à la suédoise nous paraît un horizon encore lointain. Au-delà de la force des habitudes, nous pensons que les espèces demeurent indispensables pour bon nombre de nos concitoyens, en particulier les exclus et les plus fragiles. L'accès aux espèces via le guichet est essentiel pour une partie de la population et a vocation à le rester, soit pour des raisons d'attachement à la gestion en espèces, soit pour des raisons de maîtrise de la langue ou de difficulté d'accès au numérique.

Toute limitation du recours aux espèces devrait faire l'objet d'un accompagnement adéquat, comme nous le faisons au sein du groupe La Poste en matière d'inclusion bancaire par le numérique dans des centaines de bureaux.

La Poste représente le réseau le plus étendu d'accès aux espèces en France, avec plus de 17 000 points de contact et 7 700 distributeurs de billets. Il est possible d'effectuer des retraits et dépôts en espèces dans les bureaux de poste et jusqu'à certains montants dans les agences postales communales, ou APC, et dans les relais postaux. Cette mission d'aménagement du territoire est distincte de celle de l'accessibilité bancaire avec le principe d'universalité du livret A, lequel nous permet aujourd'hui d'offrir à des populations marginalisées, vulnérables ou exclues du numérique la possibilité d'opérer des opérations de tout petits montants et de gérer leur quotidien en espèces.

Dans ce contexte, la stratégie assumée du groupe La Poste est de placer l'humain et la proximité au coeur du dispositif, non seulement du fait des obligations légales, mais aussi en raison de l'ADN propre du groupe. Nous avons fait le choix de la proximité et de la présence humaine. Les déserts ne sont pas toujours là où on le croit : dans de nombreuses zones périurbaines, en particulier les quartiers prioritaires de la ville et en Outre-mer, se pose la question de l'accès aux moyens de paiement et aux espèces.

La multiplication des distributeurs de billets ne nous paraît pas la solution idoine en ce qu'elle peut détourner les flux des guichets vers les distributeurs automatiques de billets et donc mettre en péril un certain nombre d'implantations dont la fréquentation est déjà faible. Par ailleurs, les coûts d'installation - 90 000 euros -et de gestion - 14 000 euros par an - des distributeurs de billets sont extrêmement élevés.

Nous avons choisi de conduire une double stratégie reposant sur le développement et la multiplication des offres modernes digitales alternatives aux espèces - paiement sans contact, Paylib, Applepay, paiement instantané... - et sur une offre diversifiée de guichets de dépannage et d'accompagnement humain, alternative au tout digital.

De notre point de vue il n'apparaît donc pas nécessaire d'imposer de nouvelles missions de service public ou des contraintes supplémentaires en matière de distributeurs de billets sur tout le territoire.

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