Intervention de Sophie Lejeune

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 27 mars 2019 à 10h00
Dématérialisation des moyens de paiement — Audition commune de Mm. Tony Blanco secrétaire général et membre du directoire de la banque postale olivier gayraud juriste à l'association consommation logement et cadre de vie clcv et erick lacourrège directeur général des services à l'économie et du réseau de la banque de france Mme Sophie Lejeune secrétaire générale de la confédération des buralistes et M. Jérôme Reboul sous-directeur des banques et des financements d'intérêt général à la direction générale du trésor

Sophie Lejeune, secrétaire générale de la Confédération des buralistes :

Notre réseau de 24 500 buralistes répond à un maillage territorial sans pareil, avec 10 millions de clients réguliers, soit en moyenne 450 contacts par jour et par point de vente. Près de 44 % de mes collègues exercent en zone rurale, dans des communes de moins de 3 500 habitants. L'amplitude horaire et la proximité sont une de nos forces, les buralistes passant dans leurs points de vente entre dix et douze heures par jour. Par ailleurs, 14 000 buralistes disposent d'un agrément spécifique pour l'encaissement des amendes et timbres fiscaux dématérialisés. De même, de plus en plus de buralistes sont éligibles à l'agrément de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) pour les activités d'ouverture de comptes bancaires et de transfert d'argent. Enfin, vous vous souvenez probablement de l'implication dynamique et pédagogique des buralistes dans la diffusion des premiers sachets euros auprès de nos concitoyens, dès le mois de décembre 2001.

Les buralistes sont naturellement associés à tout changement concernant l'accès aux espèces et à toute évolution des moyens de paiement. On nous sollicite très régulièrement pour les dépenses du quotidien, par exemple pour « faire de la monnaie » pour le parcmètre ou la baguette. Le « dépannage » fait partie de notre ADN.

Nous entendons bien évidemment renforcer ce rôle, quelle que soit l'évolution des moyens de paiement. Notre réseau est impliqué dans un grand plan de transformation, avec l'aide des pouvoirs publics. Grâce au protocole conclu avec le ministère de l'action et des comptes publics en février 2018, notre fonds de transformation est abondé à hauteur de 80 millions d'euros jusque fin 2021 pour transformer profondément le plus grand nombre de points de vente en commerces modernes encore plus propices à l'accueil de nouveaux services et produits.

Les buralistes acceptent tout type de paiement. Un encaissement sur deux se fait par carte bancaire, dont 11 % sans contact. En moyenne, les buralistes - dont 54 % encaissent encore des chèques - prennent 138 paiements en carte bleue par jour. Les espèces représentent la moitié des moyens de paiement.

Aujourd'hui, 1 050 buralistes sont identifiés relais-poste, soit 38 % des enseignes de ce dispositif, et 350 autres buralistes sont « point vert » ou « point bleu » - selon les terminologies des établissements bancaires. Nous avons su innover dans le paysage bancaire avec la création du compte Nickel, voilà cinq ans : un compte, une carte, un relevé d'identité bancaire (RIB) pour 20 euros par an, sans condition et sans minimum de revenu. Là encore, nous répondons partout sur le territoire aux Français les plus démunis.

À ce jour, 4 800 buralistes bénéficient d'un agrément de l'ACPR. Notre objectif est de parvenir à 7 000 l'année prochaine. Plus de 1,2 million de comptes ont été ouverts, faciles à l'usage avec information en temps réel, mais sans possibilité de découvert. Chaque mois, les Français viennent déposer en moyenne 5 800 euros par mois chez les buralistes et retirent environ 1 000 euros.

Le cash back n'est pas encore significatif dans notre réseau et nous ne pouvons tirer aucune conclusion. Nous pouvons seulement déplorer la distorsion de concurrence avec d'autres enseignes : en l'état, il est en effet impossible aux buralistes de proposer cette prestation gratuitement.

Je ne peux qu'abonder dans le sens des intervenants précédents sur les besoins en espèces des consommateurs. La présence des buralistes en zone rurale, notre maillage, peut constituer une des réponses. Nous pouvons être une alternative aux distributeurs.

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