En ce qui concerne la cartographie, je suis désolé de vous décevoir, mais elle n'est pas terminée. Il ne s'agit pas d'une volonté de rétention d'information. Nous avons recueilli beaucoup de statistiques auprès de l'ensemble des réseaux bancaires. Nous pourrons vous donner un état des lieux extrêmement précis d'ici à la fin du printemps.
Les premiers enseignements montrent que nous allons devoir nous focaliser sur les populations - hyper minoritaires - situées à plus de dix ou de quinze kilomètres d'un point d'accès aux espèces. Comme le soulignait Jérôme Reboul, il s'agit essentiellement des zones de montagne et des zones où la densité de la population est la plus faible. La Corse, notamment, est très concernée par ce problème en raison de sa topographie particulière. Encore une fois, il s'agit de moins de 0,5 % de la population française. Mais le problème est là.
En ce qui concerne le cash back, sachez que le montant moyen des retrait dans les autres pays de la zone euro qui utilisent ce dispositif est de 15 euros. En choisissant un plafond de 60 euros, nous ne sommes donc pas du tout dans une situation atypique. Nous ne disposons pas encore du recul nécessaire, puisque le dispositif se met seulement en place.
Dans la zone euro, seuls 6 % des retraits d'espèces se font par ce biais-là. C'est donc un moyen d'appoint, et plutôt pour des petits montants.
Je suis responsable du fiduciaire à la Banque de France, mais n'ai pas été interrogé par les auteurs du rapport « Action publique 2022 ». Je leur aurais dit ce que je vous ai dit ce matin. Dans les pays scandinaves, on a observé un phénomène en deux temps. D'abord, les pouvoirs publics et l'ensemble des réseaux bancaires ont fait preuve d'une forte volonté de s'organiser pour faire disparaître les espèces, jusque dans les transports en commun. Puis, notamment en Suède, il y a eu des protestations très fortes, de la part d'associations de consommateurs, de personnes âgées ou d'associations protégeant les populations en difficulté. La Suède sans espèces, je ne sais pas si on y arrivera ! D'ailleurs, plusieurs banques centrales de pays scandinaves lancent une nouvelle gamme de billets.
La vraie question est de savoir si on peut émettre une monnaie électronique de Banque centrale, qui remplacerait les espèces avec les mêmes garanties, car les espèces sont une créance directe sur la Banque centrale. Nous engageons la deuxième des trois étapes de la politique nationale des espèces, qui consiste à discuter avec chaque réseau de sa stratégie. Quels sont les points de convergence ? Peut-on accroître la concertation, notamment en termes d'accessibilité ?
Notre modèle de distribution d'espèces repose sur les réseaux bancaires classiques. Cela pose la question de l'équilibre de la commission interbancaire de retrait, car les nouveaux entrants ne financent pas de réseau de distribution. Aux Pays-Bas, il n'y a plus de réseau bancaire appartenant à une banque particulière. Le pays a mutualisé les réseaux, en répartissant les coûts, ce qui permet des économies d'échelle. Cela évite qu'à certains endroits, il y ait six ou huit distributeurs de billets, et à d'autres, aucun. Nous allons analyser cette option d'ici la fin de l'année, mais nous ne souhaitons pas un saut direct d'un réseau totalement décentralisé géré par les acteurs privés à un système entièrement mutualisé et financé par l'argent public.