S'agissant de la répartition des moyens, les 10 millions d'euros supplémentaires versés aux budgets des établissements sont répartis en 5 millions d'euros permettant la mise en place de bureaux d'accueil et de guichets uniques dans tous les établissements et 5 millions d'euros consacrés, sur appels d'offres, au développement du français langue étrangère.
Tous les droits d'inscription vont directement aux universités, qui peuvent ainsi construire une vraie stratégie et mettre en place un système redistributif, en accordant des bourses à leurs étudiants.
Les exonérations des étudiants boursiers ne sont pas prises en compte dans les 10 % mentionnés, car nous payons les frais d'inscription à leur place. Dès lors, aucune compensation n'est envisagée et il n'y aura, pour les établissements, ni pertes ni gains de recettes.
Sur la question des collectivités territoriales, j'ai voulu dire qu'il était très important de travailler sur la stratégie internationale des établissements en lien avec ces dernières, qui ont des territoires de prédilection pour leurs échanges et développent leur propre stratégie de projection, le plus souvent axée sur le développement économique.
Vous avez raison, monsieur Ouzoulias, de mentionner les cas de la Turquie et de l'Arabie Saoudite. En Turquie, moins de 3 000 étudiants se voient dispenser un enseignement en français, 500 d'entre eux étant intégrés à des formations dispensées par des universités françaises. Dans ce pays, les frais d'inscription se montent à environ 200 dollars par semestre pour les étudiants turcs et les étudiants en provenance de pays proches, mais ils atteignent plus de 600 dollars par semestre pour les autres. En revanche, un système très performant de bourses est mis en place. C'est un point sur lequel il faut travailler : ces bourses sont un facteur d'attractivité pour des étudiants qui évaluent parfois assez mal la réalité de leurs besoins financiers une fois sur place.
Par ailleurs, nous n'avons rien à reprocher en termes de libertés académiques à des pays comme l'Allemagne ou l'Australie ! L'Allemagne, c'est 13 000 bourses d'excellence de longue durée, des droits d'inscription dépendant des länder, mais avoisinant généralement les 3 000 euros par an, et une progression de 24,4 % du nombre d'étudiants internationaux en trois ans. La France en a perdu 8,5 % en cinq ans !
Nous préparons actuellement une loi de programmation de la recherche, incluant un volet financier. Je ne pensais pas, monsieur Ouzoulias, que vous réduiriez l'annonce d'un investissement massif faite par le Président de la République à cette somme de 10 millions d'euros supplémentaires. Il faut être capable de parler de manière raisonnable de l'investissement nécessaire à la recherche et à l'enseignement supérieur, sans caricaturer. Peut-être avez-vous fait un petit raccourci...
Le ratio d'une inscription pour quatre préinscriptions vaut pour le cycle de licence où nous comptabilisons environ 8 000 inscriptions pour 25 000 préinscriptions. La sélection est beaucoup plus drastique sur les dossiers de master et de doctorat.
Il est juste d'évoquer la problématique des logements. Ceux du CROUS seront tous réhabilités à l'horizon de 2022. Il faut aussi penser à d'autres formes de logements, notamment travailler sur l'organisation de campus - une forme peu développée en France, où les bâtiments universitaires sont souvent disséminés dans les villes, mais qui correspond généralement à ce que les étudiants internationaux ont connu dans leur pays d'origine - ou sur des systèmes de colocations, notamment intergénérationnelles. Un nombre croissant d'universités se dirigent vers des demandes de dévolution de leurs habitations et, là encore, je les encourage à travailler avec les villes d'implantation.
Je confirme que l'on trouve, notamment dans les pays en développement, un nombre croissant de jeunes demandeurs de codiplomation. Il faut donner à ces pays les capacités de former leurs propres ressources humaines. Non seulement nous devons élaborer des doubles diplômes, mais nous devons aussi construire avec les forces présentes au moment du démarrage du projet, tout en préparant les ressources humaines locales afin qu'elles puissent prendre en charge la formation de la jeunesse. C'est ce cercle vertueux que nous commençons à installer, dans le cadre d'un dialogue très étroit avec les gouvernements, afin de ne pas en rester à nos propres projections et de comprendre leurs priorités.