Intervention de Gérard Longuet

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 24 janvier 2019 à 8h40
Examen de la note scientifique biodiversité : extinction ou effondrement ? jérôme bignon sénateur rapporteur

Photo de Gérard LonguetGérard Longuet, sénateur, président de l'Office :

Cher Jérôme, c'est l'Office qui te remercie d'avoir consacré un temps considérable à ces enquêtes, auditions, échanges, à cette mise en forme d'observations aussi variées que passionnantes et qui sont au coeur de notre mission.

Je rends hommage à Cédric Villani, qui a eu l'idée de publier ces notes scientifiques synthétiques sur des sujets difficiles. C'est un appel à la réflexion, au débat. Un peu plus de connaissances sur un sujet comme celui-ci rend plus modeste et peut utilement remettre en cause certaines certitudes.

Le scepticisme à l'égard des faits scientifiques, qui a été évoqué, constitue un point essentiel. On retrouve ce comportement dans tous les domaines. L'idée de l'amnésie générationnelle est également frappante. Formulée ici en lien avec la connaissance de l'environnement, elle peut s'adapter à tous les domaines de la vie collective, les générations se succédant : baby-boom, générations X, Y...

La dissonance cognitive est une idée que l'on retrouve aussi dans tous les secteurs d'activité. Les croyances complexes ou dérangeantes sont généralement soigneusement remisées, c'est connu. Mais cela nous a été présenté si clairement que l'on a envie de rechercher les dissonances cognitives dans d'autres domaines.

Il y a une troisième raison au scepticisme. Le projet de note nous dit : « plutôt que de mentionner la nature et la biodiversité, il serait préférable de parler de sol ou de territoire ». En effet, les citoyens ont tendance à se préoccuper d'abord de leur propre territoire ; de leur côté, les institutions sont territoriales, et dès lors qu'elles sont porteuses de projets territoriaux, le citoyen reprend confiance dans son aptitude à éviter la dissonance cognitive et l'amnésie environnementale. Ne parler que de nature, de biodiversité et de problèmes très généraux, cela peut décourager le citoyen et le conduire à renoncer à faire quoi que ce soit. Ainsi, avec la mondialisation économique et les GAFA, la tentation existe de dire : « ce phénomène nous échappe, on laisse faire, on verra ce que ça donne. Après tout, le monde existe depuis longtemps, il continuera d'exister ».

Cette note, indépendamment de la 6e extinction, présente le grand intérêt de nous faire comprendre pourquoi ces problèmes sont souvent évacués par les citoyens, pourquoi ils rejettent la responsabilité individuelle et collective pour mettre en place les solutions. Non seulement la note nous éclaire sur la biodiversité et son évolution, sur la diversité des causalités, mais en outre elle le fait en tenant d'analyser la perception par les citoyens de tels problèmes complexes.

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