Intervention de Roland Courteau

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 24 janvier 2019 à 8h40
Examen de la note scientifique biodiversité : extinction ou effondrement ? jérôme bignon sénateur rapporteur

Photo de Roland CourteauRoland Courteau, sénateur :

J'ai beaucoup apprécié cet exposé de grande qualité. Tout est dit sur l'essentiel. Je voudrais apporter de l'eau à votre moulin en lançant un cri d'alarme sur la mer Méditerranée. Vous avez évoqué la biodiversité marine, et concernant la Méditerranée, il semble qu'il y ait un problème de substitution des espèces, à cause du réchauffement des eaux et des espèces invasives qui proviennent des déballastages sauvages des navires et de l'ouverture du Canal de Suez. Il y a également un début d'extinction des espèces dans cette mer, qui est dû en particulier aux pollutions. L'OPECST a travaillé sur la mer Méditerranée et nous avons considéré qu'elle est en danger, du fait de ces pollutions, alors qu'elle abrite près de 9 % des espèces marines connues de la planète. Il faut tenir compte des pollutions émergentes, par exemple le fait que les médicaments que nous consommons ne soient pas dégradés par les stations de traitement et se retrouvent dans les rivières, les fleuves, ... et en Méditerranée. Selon les scientifiques, ces substances médicamenteuses perturberaient la reproduction des espèces, allant jusqu'à favoriser le changement de sexe de certaines espèces.

Il y a aussi les pollutions par les microplastiques, les microdébris, qu'absorbent les espèces, notamment les larves qui en meurent.

Il y a encore les rejets d'hydrocarbures, jusqu'à 20 000 tonnes de rejet d'hydrocarbures dans une mer qui est quasiment fermée et toute petite à l'échelle de la planète.

Sans oublier l'acidification des mers, due à la combinaison des gaz à effet de serre et du réchauffement climatique, la disparition des herbiers de Posidonie et donc des biotopes, et puis, ce qui m'inquiète particulièrement, le réchauffement des eaux.

Les scientifiques nous expliquent que le phytoplancton et le zooplancton se développent à une certaine profondeur. C'est le début de la chaîne alimentaire. Mais pour se développer, il leur faut des températures relativement basses. Or aujourd'hui, avec le réchauffement des eaux, si la production de phytoplancton et de zooplancton baisse, gare aux conséquences sur les autres espèces !

Les pêcheurs de la Méditerranée se plaignent du manque de poissons. Certains nous disent, notamment les instances européennes, que c'est dû à la surpêche. La surpêche y est peut-être pour quelque chose, mais là n'est pas l'essentiel. La principale cause, c'est la pollution !

Par ailleurs, j'indique que dans nos travaux sur le stockage du carbone dans les sols, réalisés au sein de l'OPECST, nous avons mis l'accent sur les conséquences de l'artificialisation des sols, notamment l'atteinte à la biodiversité terrestre. L'artificialisation des sols a augmenté de 540 km2 par an entre 2008 et 2014, soit plus de 1 % d'augmentation par an. Cette artificialisation des sols varie entre 6 et 9 % du territoire national. L'enjeu serait de limiter l'imperméabilisation des espaces artificialisés et de davantage compenser cette artificialisation des sols. Est-ce possible ?

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