Intervention de Bruno Sido

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 24 janvier 2019 à 8h40
Examen de la note scientifique biodiversité : extinction ou effondrement ? jérôme bignon sénateur rapporteur

Photo de Bruno SidoBruno Sido, sénateur :

Je m'associe à toutes les félicitations adressées à Jérôme Bignon. Cependant, les espèces s'adaptent aussi.

Les gens de l'Est de la France savent bien par exemple que les chevreuils ont changé d'habitat. Ils ont intégré le fait que les chasseurs vont en forêt et ont le droit de les y tuer, mais pas en plaine. En conséquence, maintenant, les chevreuils sont en plaine. C'est assez curieux. Les sangliers, qui vont se nourrir sur les tas de maïs pour l'ensilage des agriculteurs, constituent une autre illustration.

Il ne faut pas être trop pessimiste. Après tout, si les dinosaures ont disparu avec la 5e extinction, cela a permis l'émergence des mammifères, et donc du loup. Ne peut-on pas accompagner Schumpeter en parlant alors de « destruction créatrice » ?

Il a été dit que les poissons ont des possibilités que n'ont pas les mammifères et les animaux terrestres puisqu'ils peuvent remonter au nord en accompagnant la température. Mais pour les autres ? L'homme est certainement pour quelque chose dans la disparition d'un nombre certain d'espèces animales. Par exemple, chacun connaît les dodos, l'auroch, qui ont disparu parce qu'ils ont été chassés par l'homme... Sa part de responsabilité est grande, sinon entière, dans le réchauffement climatique. Mais finalement je voudrais être optimiste. Par exemple, l'agriculture est en train de complètement changer. On supprime de plus en plus de produits utilisés antérieurement, et un jour, peut-être qu'il n'y aura plus de produits autorisés du tout. Alors la biodiversité regagnera du terrain dans tous les champs de l'Europe, voire du monde entier. Par conséquent, l'accélération va peut-être ralentir, avec une dérivée seconde négative de cette vitesse de l'érosion des espèces.

Il faut rester optimistes, être proactifs, faire en sorte d'abimer le moins possible notre planète. Mais très pratiquement, on sait qu'on va vers les 10 milliards d'hommes demain, qu'il faudra nourrir. Constater une extinction est une chose, mais il faut nourrir l'humanité ? J'aurais bien aimé un modus operandi.

Autre chose : finalement, chaque fois qu'une espèce disparaît, ce sont des données génétiques qui disparaissent. Nous allons nous réunir la semaine prochaine avec l'Académie nationale de médecine pour parler du réarrangement du génome. Demain, ou dans un siècle, aura-t-on toujours besoin de la réserve génétique que constitue l'ensemble des animaux vivants, alors qu'on saura travailler sur les gênes pour les modifier comme on veut ? Bien sûr, je suis trop futuriste. Mais je pense qu'il faut rester optimiste, et prudent.

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