Intervention de Jean-Michel Blanquer

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 9 avril 2019 à 14h10
Projet de loi pour une école de la confiance — Audition de M. Jean-Michel Blanquer ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse

Jean-Michel Blanquer, ministre :

Grâce à laquelle je vais pouvoir approfondir ma réponse ! Je voudrais rappeler solennellement que nous sommes tous dans le même bateau : il n'y a pas d'un côté ceux qui défendraient l'école rurale et de l'autre ceux qui souhaitent sa disparition. En tant que ministre, je m'en considère comme le premier défenseur, comme je l'ai affirmé dès ma prise de fonction. Et nous avons fait de gros efforts, même si j'entends parfois dire le contraire, sur les fermetures de classes ou d'écoles. Il n'y a jamais eu si peu de fermetures de classes rurales en France qu'à la rentrée précédente ! Nous nous sommes donné les moyens pour qu'il en aille ainsi à la rentrée suivante et tout au long du quinquennat. Certes, il y a des réalités démographiques, mais le fait est que le taux d'encadrement est aujourd'hui de 14 élèves par classe en Lozère, de 15 élèves par classe en Vendée et de 16 élèves par classe dans le Cantal - et ces chiffres ne concernent pas seulement le CP et le CE1, mais vont de la petite section jusqu'au CM2. Le taux d'encadrement de l'école primaire s'améliorera à chaque mois de septembre, dans chaque département de France - et a fortiori dans les départements ruraux - de 2017 à 2022. Je m'y m'engage. Mon action est profondément ancrée dans la défense de l'école primaire rurale, et rien de ce qui pourrait l'affaiblir n'aura ma faveur.

La rédaction actuelle arrive sur un fond d'inquiétude et de défiance, que je perçois et comprends parfaitement. Mon seul bémol porte sur ce que vous avez dit sur les inspecteurs d'académie. La consigne que j'ai donnée aux recteurs est claire : je demande l'esprit de finesse plutôt que l'esprit de géométrie. Plusieurs témoignages m'ont été rapportés sur le fait que le dialogue a bel et bien existé avec les collectivités territoriales pour la préparation de la rentrée 2019. Nous sommes non pas dans l'affrontement, mais dans la coopération et, si la situation n'est pas parfaite, il y a un net progrès.

Pour le reste, je suis d'accord avec vous, et donc prêt à une nouvelle rédaction. Celle-ci sera le fruit de notre travail conjoint. J'ai aussi discuté avec les organisations syndicales ces derniers jours, afin qu'elles émettent également des propositions de rédaction. L'objectif devra être de garantir les points que vous avez évoqués. En particulier, il y aura bien un directeur d'école par site : il n'a jamais été question de remettre cela en cause. Tout devra reposer sur un consensus local, et requerra l'accord des élus, du conseil d'école, et sans doute aussi du conseil d'administration du collège. On peut aussi ajouter des garanties sur le fait que l'objectif n'est pas le regroupement physique ; au contraire, il s'agit de sauver certains éléments physiques. Les zones rurales sont fortement concernées, mais cela peut être intéressant aussi en milieu urbain. Il faut de la souplesse dans l'application, afin que les élus utilisent cette formule comme un outil. Il n'a jamais été question que ce soit imposé, ni que cela devienne le régime général - et cela concernera une minorité de cas.

En tous cas, ne perdons pas de vue la nécessité d'avoir une vision cohérente de ce qui se passe à l'école primaire et au collège, et de faire en sorte que la césure entre CM2 et sixième soit la plus douce possible, que la coopération soit la plus forte possible entre l'école primaire et le collège, et que les bénéfices d'une certaine puissance d'action puissent servir au renforcement de l'école primaire grâce à l'alliance avec le collège - le tout, au bénéfice de nos élèves. Et les exemples sont multiples de ce que l'on peut faire en la matière pour répondre aux enjeux de santé, sportifs ou pédagogiques. Dans une réunion avec l'Assemblée des départements de France, une personne venue de l'Orne me racontait une expérimentation de ce type très bénéfique pour l'école primaire concernée.

Si le malentendu qui a pu exister se transforme en occasion de rassurer tout le monde sur le fait que nous allons développer une politique volontariste pour l'école primaire et que la fonction de directeur d'école n'est aucunement menacée, tant mieux ! Nous avons l'opportunité, par notre débat, de renforcer l'école primaire en France. L'article changera, c'est une certitude, dans une direction dont nous allons discuter. Vous êtes force de proposition, tout comme les organisations syndicales. Je suis assez confiant sur le fait que nous puissions arriver à un consensus français sur l'école primaire et, a fortiori, sur l'école primaire rurale.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion