Intervention de Nathalie Boy de la Tour

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 4 avril 2019 : 1ère réunion
Audition de Mme Nathalie Boy de la tour présidente de la ligue de football professionnel

Nathalie Boy de la Tour, présidente de la Ligue de football professionnel :

Merci pour vos remarques.

Il est vrai qu'il y a beaucoup d'argent dans le football. Toutefois, il convient de rester prudent. Les salaires des joueurs du PSG que vous citez sont complètement démesurés. En réalité, comme je le disais, seuls 10 % des jeunes joueurs en centre de formation deviennent des professionnels. La plupart d'entre eux intégreront des clubs où ils n'auront absolument pas le même niveau de rémunération que dans les quatre ou cinq premiers clubs de Ligue 1. Quelques stars ont des niveaux de rémunération hors-norme, mais la réalité est différente.

J'avais réalisé une enquête sur les jeunes garçons par tranche d'âge. Un seul garçon de sept ans, par exemple, entrera en équipe nationale sur un total de 700 000 garçons du même âge. De plus, les très hautes rémunérations sont calquées sur le marché international. La compétition entre les différents pays européens aboutit à de telles sommes, mais le salaire moyen d'un joueur en Ligue 1 est de 75 000 euros par an.

Il est vrai que les parents peuvent être un danger. Je vois bien, lorsque je me rends dans les clubs, qu'ils projettent leurs désirs sur leurs enfants et qu'ils voient le football comme l'un des derniers ascenseurs sociaux. Ils ont des attentes élevées et poussent des enfants qui n'ont pas forcément le talent pour arriver au niveau attendu, ce qui peut donner lieu à des drames familiaux. Nous avons donc une responsabilité importante envers ces jeunes.

Par ailleurs, je ne pense pas qu'il y ait des valeurs fondamentalement différentes entre le football féminin et le football masculin. J'ai longtemps travaillé sur ce sujet lorsque j'étais à la Fondation du Football, avec la FFF. Nous avions identifié un groupe de cinq valeurs que nous avons nommé le PRETS. Je vais vous en expliquer la signification.

Le P signifie la passion et le plaisir. Il ne faut jamais oublier le plaisir que nous avons à pratiquer un sport. Je partage avec vous une anecdote personnelle. Mon mari a été très malade pendant deux ans. Mon fils cadet avait alors sept ans. Durant cette période très difficile, c'est le football qui lui a permis de tenir, non seulement à travers la pratique sportive, mais aussi grâce au travail formidable des éducateurs. Le soir, nous regardions les matchs à la télévision pour nous changer les idées. La passion et le plaisir liés au football sont donc essentiels.

Le R signifie le respect. Il s'agit tout d'abord du respect de soi : prendre soin de son corps, faire ses lacets, ne pas fumer, ne pas se doper, se laver les dents. Tous ces actes évidents sont essentiels. Nous avons mis en place un programme fédéral qui vise à diffuser des messages éducatifs avant tout entraînement des équipes féminines et masculines. Ces messages évoquent le respect de soi, le respect des autres et le respect de l'environnement. Nous encourageons les jeunes à utiliser une gourde plutôt qu'une bouteille en plastique, par exemple. Nous touchons ainsi un million de jeunes licenciés de moins de 18 ans. La valeur éducative du football reste méconnue alors qu'elle est en avance par rapport à d'autres sports.

Le E signifie l'engagement. Le football implique de dépasser ses limites et de s'engager, comme dans les autres domaines de la vie.

Le T signifie la tolérance. Les enfants jouent avec des camarades différents. Certains sont bons, d'autres non. Des enfants autistes jouent dans l'équipe. J'ai vécu pleinement des situations lors desquelles les enfants se trouvent confrontés à un petit garçon qui ne comprend pas les règles du jeu et qui marque contre son but, par exemple. Il faut alors expliquer que cet enfant a le droit de jouer comme les autres enfants.

Enfin, le S signifie la solidarité. Il existe une solidarité très forte entre les joueurs. Le football est un sport fait d'individualité au service du collectif.

Le PRETS est dispensé aux jeunes garçons et aux jeunes filles. Toutefois, le football féminin n'en est qu'à ses débuts. Il existe donc une sorte de fraîcheur chez les joueuses, qui existe moins en Ligue 1.

J'ai eu l'occasion de recruter en stage une jeune joueuse qui a décidé d'arrêter sa carrière. Les filles ont bien conscience qu'elles devront avoir une autre activité à côté, ce qui n'est pas une mauvaise chose selon moi.

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