Nous avons appris la nouvelle tragique du décès d'un médecin militaire français engagé au Sahel. Nos forces armées payent un très lourd tribut à notre action dans cette région du monde. Je vous propose d'observer un moment de recueillement en sa mémoire.
(Les sénateurs se lèvent et la commission observe une minute de silence).
Mme la directrice générale, Monsieur le directeur, merci d'avoir accepté cette audition sur la relation transatlantique et l'architecture de sécurité en Europe, à l'occasion des 70 ans du traité de l'Atlantique Nord. Vos présentations seront complémentaires, puisque vous représentez respectivement le ministère des armées et celui des affaires étrangères.
En 70 ans, l'OTAN n'a cessé d'évoluer. Alors que la chute du mur de Berlin a conduit l'alliance à diversifier ses missions et à repousser ses frontières, elle paraît renouer aujourd'hui avec sa vocation initiale de défense collective du continent. La recrudescence des tensions avec la Russie et la persistance du risque terroriste obligent l'OTAN à faire face à des menaces à 360 °. L'appréciation des risques fait toutefois l'objet d'évaluations divergentes entre États membres. Le positionnement de certains pays pose question - je pense à la Turquie.
Dans ce contexte, que penser de l'attitude du principal contributeur, les États-Unis ? Alors que leurs intérêts se déplacent vers le Pacifique, les États-Unis insistent sur le partage du fardeau et mettent l'OTAN au service de leur industrie, ce que la ministre de la défense, Florence Parly, a récemment résumé par cette formule : « la clause de solidarité de l'Otan s'appelait l'article 5... pas l'article F-35 »... ! Le retrait américain du traité FNI, et son non-respect par la Russie, créent le risque d'une nouvelle course aux armements nucléaires en Europe. Enfin, avec ses propos sur le Monténégro, le président Trump a semblé remettre en cause le principe de défense mutuelle, instillant un doute sur l'effectivité de l'article 5.
Tout ceci pose la question de l'architecture de sécurité en Europe. La France promeut l'idée d'autonomie stratégique et a lancé l'Initiative européenne d'intervention, qui réunit 10 pays. Le président de la République est allé jusqu'à parler d' « armée européenne ». Nos partenaires ont parfois du mal à nous suivre... Nous sommes en effet un certain nombre à penser que cette idée n'est pas susceptible d'être mise en oeuvre dans un avenir proche. Nos initiatives sont-elles comprises, alors que la France est perçue comme un pays traditionnellement méfiant vis-à-vis de l'OTAN, dont elle a pourtant rejoint la structure militaire intégrée en 2009 ?
L'Union européenne s'affirme dans le domaine de la défense avec des instruments tels que la coopération structurée permanente, le Fonds européen de défense et la Revue annuelle coordonnée de défense. Est-ce un vrai tournant, ou la résurgence d'un vieux serpent de mer ? Que faut-il penser des prises de position de la nouvelle présidente de la CDU, et de l'impact du Brexit ?