Intervention de Ettore Licheri

Commission des affaires européennes — Réunion du 11 avril 2019 à 9h40
Institutions européennes — Réunion conjointe avec une délégation du sénat italien

Ettore Licheri, président de la commission des affaires européennes du Sénat italien :

Plus les Italiens et les Français parlent ensemble, plus ils tombent d'accord. Nous avons des années d'histoire démocratique en commun. Monsieur Ouzoulias, la prochaine fois que vous séjournerez en Sardaigne, vous serez mon invité. Sur la Cosac des pays de la Méditerranée, il me semble que l'Allemagne a posé son veto. Il s'agissait d'élaborer une pensée commune de tous les pays qui en faisaient partie. Il n'est pas concevable qu'un pays puisse s'opposer ainsi au dialogue qui s'instaure entre d'autres partenaires. Cela ne peut qu'entretenir un malaise et créer des déséquilibres qui seront source de mécontentement.

Loin de moi l'idée de critiquer l'Allemagne avec laquelle l'Italie entretient des relations commerciales fortes. Le secteur automobile allemand utilise 70 % de composantes italiennes. Si l'Allemagne est en bonne santé, l'Italie et la France le seront aussi, et inversement.

Si nous parvenons à construire en Europe un corps politique solidaire et équitable, nous pouvons nous permettre de signer des traités commerciaux bilatéraux. La France pourrait traiter directement avec la Chine, dès lors qu'elle fait partie d'un système politique intégré qui protège l'ensemble des États membres. Osons le dire, et cessons d'être hypocrites : nous n'avons jamais cessé de signer des traités bilatéraux, et nous sommes tous porteurs d'intérêts nationaux. La seule limite est de veiller au respect de l'éthique et des valeurs de nos Constitutions. Je ne crois pas que l'économie française pourra être écrasée par celle de la Chine. Je crois plutôt que la vision politique démocratique et solidaire de la France s'exportera vers la Chine. Voilà pourquoi je ne crois pas que Rome puisse un jour être écrasée par la Chine ou les États-Unis.

Quant à l'Afrique, nous pouvons mettre en place un mécanisme d'accueil des migrants, ou bien faire en sorte qu'ils choisissent de rester chez eux. D'ici 2030, 700 millions d'Africains auront 18 ans. Les richesses se concentrant au nord, il est inévitable qu'ils souhaitent rejoindre ces territoires plus fertiles. Aucune barrière humaine n'empêchera ce flux migratoire. Nous avons dépouillé le continent africain de ses richesses et de ses matières premières. Il est temps de décider si un fonds de l'Union européenne suffira pour que l'Afrique prenne son destin en mains. Nous soutenons une coopération économique globale à 360 degrés avec ce continent.

Le total des aides financières destinées à l'Afrique est inférieur à celui des aides prévues pour la défense orientale de notre continent, ce qui signifie que nous dépensons de l'argent pour construire des barrières plutôt que pour aider l'Afrique. L'Europe ne peut pas rester au milieu du gué. Nous devons donner plus de poids au dispositif Frontex tout en faisant en sorte que l'économie africaine bénéficie aux Africains.

Concernant le système de Dublin, il faudrait convaincre l'Europe du Nord qu'il n'est pas acceptable. Il est issu d'un moment particulier de notre histoire européenne, et sa révision serait éloquente. Si l'Europe ne comprend pas que ces accords encouragent l'indifférence de la plupart des États membres, je ne donne pas cher du projet européen.

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