J'ai pu assister de façon plus précise au fonctionnement de l'État. Si le seul objectif est de réduire le nombre de fonctionnaires d'État, je crains que cela n'entraîne pas de solutions positives. Certes, il faut rendre l'exercice de l'action étatique plus économe, mais cela ne peut constituer l'unique objectif. En effet, il est indispensable que l'État définisse précisément son champ d'action. Malheureusement, les administrations centrales ne sont pas prêtes à évoluer. Il y aurait pourtant beaucoup d'efforts de rendement possibles. Je l'ai vécu avec la loi ELAN, lorsque j'ai tenu des propos extrêmement violents vis-à-vis de l'administration centrale.
Alors, comment l'État doit-il fonctionner vis-à-vis des collectivités ? Depuis une vingtaine d'années, nous avons vidé les préfectures et les services de l'État des départements qui ne possèdent pas de siège de région. Là, les préfets ont des difficultés à exercer leurs fonctions parce que les moyens d'action ont été déplacés vers les métropoles régionales. Pourtant, une circulaire du Premier ministre publiée en septembre 2018 stipule que l'échelon pertinent, pour l'État, est celui du département. Une meilleure coordination est donc indispensable. Je suis d'accord pour que chacun fasse ce qu'il a à faire, en application des dispositions législatives, pour mettre fin aux chevauchements de compétences.
Cependant, il faut aussi que l'État ait les moyens de son action partout. Or, la situation est différente selon les territoires. Certains ont voulu de grandes régions, mais il n'est pas aisé de les gérer au niveau local, particulièrement dans le Sud. Dans le Cantal, ma préfète doit prendre deux jours pour assister à une réunion à Lyon ! Voilà la réalité !