Intervention de Bruno Le Maire

Réunion du 29 avril 2019 à 17h00
Projet de programme de stabilité — Débat organisé à la demande de la commission des finances

Bruno Le Maire :

Je vous présente ce programme dans un contexte économique international préoccupant, marqué par le ralentissement de la croissance mondiale, souligné par tous mes interlocuteurs lors des réunions de printemps du FMI à Washington, du président de la Réserve fédérale américaine jusqu’à la présidente du FMI en passant par le président de la Banque centrale européenne.

Deux facteurs de risques doivent notamment appeler notre vigilance.

Le premier est constitué par les risques de nature politique, dont nous sommes entièrement responsables, avec l’augmentation des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, mais également entre les États-Unis et l’Europe. J’ai eu l’occasion de dire à mes interlocuteurs américains, qui n’avaient que ce mot à la bouche, qu’entre alliés et partenaires les sanctions ne devaient pas être un mode systématique de relations, d’autant qu’elles conduisent directement à l’affaiblissement de la croissance économique mondiale et sont donc défavorables aux États-Unis comme à l’Europe.

Le second sujet de préoccupation est le niveau d’endettement public et privé, qui a été évoqué. Aux États-Unis, l’endettement avoisine 50 % de la richesse nationale pour les entreprises, 150 % si l’on y ajoute l’endettement des ménages. En Europe, l’endettement du secteur privé dépasse partout 100 % de la richesse nationale sauf en Allemagne, il atteint 120 % dans la zone euro et 130 % en France. C’est ce qui m’a amené à prendre des décisions de précaution dans le cadre du Haut Conseil de stabilité financière.

Ces risques de tensions commerciales, cet endettement excessif, ajoutés aux incertitudes politiques liées au Brexit, créent un environnement économique international moins favorable qu’il y a quelques mois.

C’est ce contexte, avec le ralentissement marqué dans la zone euro, en particulier en Allemagne et en Italie – qui est en récession, je le rappelle –, qui m’a conduit à proposer un nouveau contrat de croissance à mes partenaires de la zone euro et je recommencerai dans quelques jours. Ce partenariat et ce contrat de croissance doivent bénéficier de la situation monétaire et de la politique accommodante en la matière de la Banque centrale européenne, laquelle nous a accordé de la prolonger encore pour quelques mois, avant d’y mettre un terme un jour ou l’autre. Nous devons profiter de ces taux d’intérêt bas pour mener des réformes ambitieuses.

Ce contrat de croissance doit d’abord reposer sur la poursuite des réformes structurelles dans les pays qui ont besoin de gagner en compétitivité. Contrairement à certains de mes prédécesseurs, je ne suis pas le ministre des finances français qui va systématiquement faire la leçon à nos partenaires européens, en particulier à l’Allemagne, pour leur dire seulement : « Dépensez plus, dépensez plus, dépensez plus ! » Je leur indique qu’il s’agit d’un contrat. Nous allons poursuivre la transformation économique du pays, le Président de la République l’a dit.

Le sort de la France, monsieur Philippe Dallier, dépend effectivement de nous, …

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