Intervention de Jean-Bernard Lévy

Commission des affaires économiques — Réunion du 2 mai 2019 à 10h35
Audition de M. Jean Bernard lévy candidat proposé à la fonction de président-directeur général d'électricité de france

Jean-Bernard Lévy, candidat proposé par le Président de la République à la fonction de président-directeur général d'EDF :

Nous développerons encore davantage Colombiers au fur et à mesure que nous déploierons nos activités en France et dans toute l'Europe, car c'est notre centre de contrôle. Et dans le même temps nous nous développerons à Montpellier, ne serait-ce que parce que nous avons racheté une société qui y est basée.

En ce qui concerne l'hydroélectricité, la Commission européenne a envoyé à la France une première mise en demeure au quatrième trimestre de l'année 2015. La seconde mise en demeure, adressée il y a quelques semaines, concerne la France mais aussi d'autres pays. Néanmoins, il n'y a qu'en France où il est question de priver un exploitant, EDF en l'occurrence, de la possibilité de répondre sur des actifs qu'il a construits, certes dans un régime concessif. C'est l'État qui est mis en demeure et c'est donc à lui qu'il appartient de répondre, d'ici au début du mois de juin me semble-t-il, mais je ne vous cache pas que nous sommes très inquiets. Comme je l'ai dit devant l'Assemblée nationale, j'y vois un acharnement de la part de quelques personnes au sein de la Commission de Bruxelles. Certes, notre système hydroélectrique est majoritairement entre les mains d'EDF, mais plutôt que de le casser, voyons en quoi il est compétitif et en quoi nous sommes parvenus à définir dans la durée un équilibre très local entre les différents bienfaits de l'eau - pour la production d'énergie, les activités économiques, touristiques, l'irrigation, la pêche, etc. Nous avons réussi à trouver des accords avec les différentes parties prenantes grâce à notre programme de concertation locale « Une rivière, un territoire » qui fonctionne bien. C'est pourquoi nous pensons que cette mise en concurrence systématique et un peu aveugle serait une erreur d'appréciation majeure.

Vous avez été nombreux à poser des questions sur le démantèlement. Pourquoi employer un tel terme ? Il s'agit de tout sauf de cela puisque dès son premier et unique discours sur le sujet, le président de la République a affirmé qu'EDF resterait un groupe intégré ! Nous sommes déjà un groupe avec une maison-mère importante, mais également des filiales, la première d'entre elle étant Enedis avec plus de 35 000 salariés. Nous comptons aussi des filiales à l'étranger. Mon projet est avant tout d'essayer d'optimiser nos investissements. Serons-nous suivis par le Gouvernement ? Je l'ignore. Quoi qu'il en soit, les investissements de demain devront être compatibles avec notre niveau de dette. Nous ne pouvons pas en permanence, comme nous l'avons fait pendant trois ans, vendre des actifs et demander du capital à l'État ! Il ne s'agit évidemment pas de toucher au statut ou à la mobilité des personnels, en d'autres termes au pacte social, mais il s'agit, par exemple, d'augmenter nos capacités d'endettement et donc d'investissement. Nous pourrions notamment organiser nos actifs différemment, par exemple en les finançant sur deux bilans différents. Certains actifs sont sur des cycles extraordinairement longs, de l'ordre du siècle, tandis que d'autres ont des cycles plus habituels dans l'industrie, de l'ordre de 20 ou 30 ans. Si nous arrivons à mieux organiser nos actifs et nos passifs, peut-être arriverons nous à démontrer que nous investir davantage, au bénéfice de la collectivité. À la fin de l'année, je remettrai donc au Gouvernement une méthode, un mode d'emploi et des propositions pour voir si, oui ou non, il est possible pour EDF, en restant un groupe intégré, avec son pacte social, de mieux déployer ses investissements.

Mais tout cela ne sera possible que grâce à une meilleure régulation. On en revient donc à l'Arenh, qui est aujourd'hui le principal handicap au développement d'EDF puisque le transfert automatique de notre production vers nos concurrents nous empêche de bénéficier du produit de notre travail. C'est donc un sujet absolument central.

En 2017, les boutiques représentaient 1 % des contacts clients sur toute la France. Nous avons maintenu des contacts physiques à travers les points information médiation multi-services (Pimms), déployés de manière bien plus efficace que des boutiques dédiées à EDF. Nos concitoyens en situation de précarité ou ceux qui ne maîtrisent pas correctement la langue française ont en effet besoin de tels points d'information.

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